Actualités 2024
Mercredi 20 novembre 2024
Sensibiliser les jeunes à la biodiversité marine
Dans leur mission de sensibilisation des lycéennes et lycéens aux richesses de la biodiversité marine et aux nouveaux métiers de l'Économie Bleue, Cécile d'Estais, Déléguée Générale de l'association OceanoScientific et Justine Camus, Coordinatrice des Expéditions OceanoScientific, sont allées le 17 octobre à la rencontre d'environ 85 élèves des classes de Seconde, Première et Terminale du Lycée Henri Leroy de Port Saint Louis du Rhône. Ce fut l'occasion de présenter les actions 2023-2030 de l'association et notamment celles à vocation scientifique menées pour "Favoriser une pêche durable pour une alimentation durable en circuits courts" en collaboration avec les pêcheurs côtiers de "petite pêche" (filets - lignes - casiers).
Rappelons que Port Saint Louis du Rhône est la base technique du Lagoon 570 LOVE THE OCEAN, qui y bénéficie des infrastructures de Port Navy Service spécifiquement adaptées aux multicoques et aux grandes unités, avec un aéropage de professionnels compétents pour réaliser des maintenances de toutes natures.
Rendez-vous désormais à Hyères du jeudi 21 au dimanche 24 novembre au Festival International du Monde Marin GALATHEA. L'occasion de sensibiliser de nombreux jeunes et adultes - 10 000 visiteurs sont attendus le week-end ! - et de présenter le documentaire de 26 minutes TÉMOINS DE MÉDITERRANÉE, dont les reportages ont été coproduits par l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse et TVMonaco.
Devant 85 élèves attentifs du Lycée Henri Leroy de Port Saint Louis du Rhône, Cécile d'Estais a exposé les missions de l'association OceanoScientific. L'objectif des rencontres avec les lycéennes et les lycéens est d'attirer leur attention au sujet des nouveaux métiers de l'Économie Bleue, qui ne sont pas forcément au programme de l'Éducation Nationale du fait de leur émergence au gré d'innovations récentes. Photo OceanoScientific
Justine Camus a présenté les actions menées par l’association : assistance à la communauté scientifique ; recherche appliquée au profit de la pêche côtière et des collectivités territoriales ; sensibilisation du plus large public. Photo OceanoScientific
Justine Camus, Coordinatrice des Expéditions OceanoScientific, a répondu à une interview de François Tonneau (La Provence) qui a publié ensuite une pleine page "Environnement" dans le grand quotidien des Bouches-du-Rhône et un reportage vidéo.
Merci François ! Photo OceanoScientific
Mercredi 23 octobre 2024
L'ADNe au service de la pêche côtière
À l'occasion des trois dernières collectes d'ADN environnemental (ADNe) de l'Expédition OceanoScientific ADNe Méditerranée 2024, réalisées sur les Sites Sentinelles de Biodiversité Marine : SSBM 04 Nice - Promenade des Anglais, SSBM 07 Antibes et SSBM 09 Cannes - Iles de Lérins, une première opération-test a été réalisée avec un pêcheur côtier dans le but de comparer son retour de pêche - ce qu'il recueille dans ses filets - à la vérité scientifique délivrée par l'analyse de l'ADNe par les équipes hautement qualifiées de la société SpyGen. Leurs compétences initiales, mariées à une expérience grandissante chaque jour, offrent des analyses de plus en plus précises. Les résultats obtenus par les collectes d'ADNe marin initiées par Pierre Boissery (Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse) alimentent les travaux de Recherche Fondamentale de l'équipe du Professeur David Mouillot (UMR Marbec - Université de Montpellier). Mais l'aspect Recherche Appliquée est coordonné par OceanoScientific pour apporter, gratuitement, des informations essentielles aux pêcheurs côtiers, avec un objectif simple d'intérêt général : "Favoriser une pêche durable pour une alimentation durable en circuits courts".
L'équipe de collecte d'ADNe sur les SSBM d'Antibes, Nice et Cannes, de gauche à droite: Justine Camus (Coordinatrice des Expéditions OceanoScientific), Eva Delcamp (Ingénieure en Écologie Marine), Faustine Le Moigne Broussard (Équipière) et Corto Yerles (Pilote Vanguard - Suzuki). Photo OceanoScientific
Alors que le catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN est mouillé sur une des bouées mises à disposition gratuitement par la Mairie de Cannes au Nord-Ouest de l'Ile Sainte-Marguerite, la plus grande des Iles de Lérins, l'équipe OceanoScientific se prépare à la collecte d'ADNe sur le SSBM 09 Cannes - Iles de Lérins à bord du pneumatique Vanguard - Suzuki spécifiquement équipé d'un matériel unique qui garantit la qualité des collectes d'ADNe. Photo OceanoScientific
Une fois la collecte d'ADNe réalisée sur un trajet d'un mille nautique (1 852 m) parcouru à 2,5 nœuds de vitesse pour filtrer 30 litres d'eau, Justine Camus remplit la capsule de filtration, contenant le filtre où les brins d'ADN se sont déposés, avec la solution tampon (une recette secrète de SpyGen !) qui garantit une parfaite conservation de l'échantillon d'ADNe collecté.
Photo OceanoScientific
La qualité de la collecte d'ADNe marin repose sur un enchaînement de procédures réalisées avec une grande précision. Le rôle de Justine Camus, Coordinatrice de ces opérations au sein de OceanoScientific, est donc primordial puisqu'elle veille à ce que ces procédures soient répétées à l'identique d'une année à l'autre. C'est l'assurance de pouvoir comparer les données dans la durée et, par conséquent, d'observer scientifiquement l'évolution de la biodiversité marine d'un site. Photo OceanoScientific
Yvan Griboval (à droite) a visité le siège de SpyGen, au Bourget-du-Lac, d'une part pour mieux comprendre la procédure d'analyse des échantillons d'ADNe et, d'autre part, pour organiser les collectes le long du littoral méditerranéen continental français ces cinq prochaines années (2025-2029). Ce fût l'occasion d'échanger avec une partie de la Dream Team de SpyGen, de gauche à droite : Coline Gaboriaud (Responsable des plateformes d'analyses de l'ADN), Alice Valentini (Chargée de Recherche Scientifique) et Benjamin Allegrini (Président). Photo SpyGen
Mercredi 16 octobre 2024
OceanoScientific au Village des Sciences & de l'Innovation
À l'initiative du Sophia Club Entreprises, l'Association OceanoScientific a eu l'opportunité de disposer d'un stand dans le Village des Sciences & de l'Innovation du Palais des Congrès Antipolis de Antibes - Juan-les-Pins, les 12 et 13 octobre dans le cadre national de la Fête de la Science 2024 / Océan de Savoirs. Profitant d'une forte affluence de pas moins de 8 600 visiteurs d'un public très familial et de beaucoup d'étudiants, Cécile d'Estais, Déléguée Générale de l'association et Justine Camus, Coordinatrice des Expéditions OceanoScientific ont sensibilisé un grand nombre de familles à l'importance de l'Océan …qui commence sur les plages du littoral de la Mer Méditerranée. Toutes deux ont présenté les Expéditions OceanoScientific ADNe Méditerranée réalisées dans le cadre de la Mission BioDivMed initiée par l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse, dont une des finalités est de "Favoriser une pêche côtière durable pour une alimentation durable en circuits courts". Ce fut également l'occasion de présenter, surtout aux lycéennes, lycéens et étudiants, les Expéditions OceanoScientific Porifera réalisées en collaboration avec l'École de l'ADN de Nîmes, qui ouvrent la voie à de nouveaux métiers de l'Économie Bleue…
Cécile d'Estais, Déléguée Générale de OceanoScientific, a exposé deux jours durant à beaucoup de familles combien il est important d'aider la communauté scientifique à mieux connaître la biodiversité marine pour mieux la préserver, à commencer sur le littoral méditerranéen. C'est le rôle des Expéditions OceanoScientific. Photo OceanoScientific
Justine Camus, Coordinatrice des Expéditions OceanoScientific, a répondu aux questions de Étienne Delhaye, Directeur Exécutif de Sophia Club Entreprises et animateur du Village des Sciences & de l'Innovation pour l'occasion. Photo OceanoScientific
Le Palais des Congrès Antipolis de Antibes - Juan-les-Pins a accueilli les 12 et 13 octobre 2024 un record de 8 600 visiteurs, soit une hausse significative par rapport à la Fête de la Science 2023. C'est la conséquence d'un important travail de promotion réalisé par le Sophia Club Entreprises. Photo OceanoScientific
Mercredi 2 octobre 2024
OUI, l'Économie Bleue dominera le Monde !
Pour la seconde année consécutive, Jean-Christophe Tortora, Directeur de CMA Média Pôle Presse, dont La Tribune, assisté notamment de Laurence Bottero, Rédactrice en chef Méditerranée - Afrique de La Tribune, ainsi que des équipes de La Tribune Events, ont réalisé une seconde édition du Nice Climate Summit, particulièrement réussie. Notre Président, Yvan Griboval, est intervenu dans la table ronde "L'Économie Bleue dominera-t-elle le Monde ?" animée par Philippe Mabille, Directeur Éditorial de La Tribune. À question simple, réponse simple : OUI ! Yvan Griboval a insisté sur la possibilité d'exploiter vertueusement les ressources récifales françaises au profit de la Santé, du Bien-être et des Services à l'Environnement. "C'est un sujet de souveraineté nationale pour la France", a-t-il expliqué, "car notre pays possède le plus grand domaine sous-maritime au Monde dans les trois océans et en Méditerranée. De ce fait, nous disposons d'une ressource quasiment infinie pour permettre aux jeunes de travailler sur les séquences ADN d'organismes marins d'une fantastique richesse moléculaire, notamment grâce à l'Intelligence Artificielle (IA), aujourd'hui et à l'informatique quantique, demain. Cette opportunité générera à moyen terme des milliers de nouveaux métiers de l'Économie Bleue ! Nous travaillons sur ce sujet depuis plus de quatre ans, avec la volonté de mettre en œuvre un cadre contractuel qui préserve la biodiversité marine tout en garantissant durablement 10% des profits générés au profit du territoire d'origine des minuscules échantillons prélevés de manière très vertueuse dans la Nature."
De gauche à droite : Philippe Mabille, Directeur éditorial de La Tribune ; Sophie Matias, Adjointe au Maire de Faro déléguée à l’Environnement (Portugal) ; Niels Engelschiøn, Ambassadeur de Norvège ; Nicolas Hazard, Fondateur de INCO Group ;
Yvan Griboval, Marin-Explorateur-Innovateur, Président de l’association OceanoScientific ; Philippe Mangeard,
Président-fondateur de Global Climate Initiatives. Photo OceanoScientific
Mercredi 25 septembre 2024
Deux nouveaux Sites Sentinelles de Biodiversité Marine :
SSBM Antibes & SSBM Nice - Promenade des Anglais
Avec son catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN et son pneumatique professionnel Vanguard - Suzuki, l'association OceanoScientific procède à la mise en œuvre de Sites Sentinelles de Biodiversité Marine (SSBM) le long du littoral de la Région Sud - Provence Alpes Côte d'Azur, entre Menton et les Saintes-Maries-de-la-Mer, à l'exclusion de la zone maritime de Monaco. Mardi 17 septembre une collecte d'ADN environnemental (ADNe) a ainsi été effectuée à Antibes (SSBM 07), puis le jour suivant à Nice, le long de la Promenade des Anglais (SSBM 04) dans le cadre de l'Expédition OceanoScientific ADNe Méditerranée 2024. Désormais, 38 SSBM actifs offrent l'opportunité d'enrichir l'inventaire initié et entamé en 2023 sous la dénomination de Mission BioDivMed par l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse avec la coordination scientifique de l'UMR Marbec - Université de Montpellier et le concours de la société Spygen. Ces deux collectes ont été réalisées grâce à la contribution financière de Sophia Club Entreprises pour Antibes et des Mutuelles du Soleil pour Nice.
De gauche à droite : Cécile d'Estais, Déléguée Générale de l'association OceanoScientific ; Étienne Delhaye, Directeur Exécutif de Sophia Club Entreprises ; Yvan Griboval, Directeur des Expéditions OceanoScientific et skipper du LOVE THE OCEAN au retour de la collecte d'ADNe sur le Site Sentinelle de Biodiversité Marine : SSBM 07 Antibes. Photo OceanoScientific
De gauche à droite : Morgane Chavanier, Directrice Générale Adjointe des Mutuelles du Soleil ; Justine Camus, Coordinatrice des Expéditions OceanoScientific ; Cécilia Conan, Assistante de Direction des Mutuelles du Soleil ; Yvan Griboval, Directeur des Expéditions OceanoScientific et skipper du LOVE THE OCEAN au retour de la collecte d'ADNe sur le Site Sentinelle de Biodiversité Marine : SSBM 04 Nice - Promenade des Anglais. Photo OceanoScientific
"Il est important de mobiliser le secteur privé en renfort des organismes publics, dont on peut imaginer que la manne financière au profit de la recherche océanographique risque de se tarir du fait de la situation économique de la France et des économies drastiques à réaliser", expliquait Yvan Griboval aux journalistes d'Antibes et de Nice qui le questionnaient au sujet de la pertinence de telles collectes d'ADNe. "L'engagement d'entreprises privées est une garantie primordiale pour pérenniser des cycles de collectes annuels afin que l'inventaire de la biodiversité marine (poissons) reflète réellement au fil du temps les évolutions de la Nature, surtout lorsque celle-ci est sujette à des transformations importantes et rapides du fait de l'impact de l'Homme".
La collecte de deux échantillons d'ADNe sur un transect d'un mille nautique (1 852 mètres) par SSBM, soit un à l'aller et l'autre au retour, a été couplé à Nice avec les "retours de pêche" de Steve Molinari, un pêcheur côtier niçois qui tend justement ses filets le long de la Promenade des Anglais. "Comme tous les Sites Sentinelles de Biodiversité Marine, celui de Nice est positionné au-dessus de fonds dont la profondeur maximale est de 30 mètres", expliquait Justine Camus, Coordinatrice des Expéditions OceanoScientific et spécifiquement en charge des collectes d'ADNe. "Or, le long de la Promenade des Anglais, là où Steve positionne ses filets, nous sommes dans la zone de baignade, approximativement à 150 mètres de la plage. C'est donc encore plus important qu'ailleurs de connaitre précisément les espèces qui partagent cet espace avec les très nombreux baigneurs qui fréquentent la plage de Nice. En comparant les données scientifiques générées par l'analyse des échantillons d'ADNe, puis leur interprétation par le Professeur David Mouillot (UMR Marbec - Université de Montpellier) aux "retours de pêche" de Steve Molinari, les scientifiques accéderont à des informations utiles pour enrichir leurs bases de données afin d'augmenter encore l'efficacité de ces collectes. Ce sera également un support concret pour des campagnes de sensibilisation du plus large public à la protection de la Nature, pour favoriser des comportements écoresponsables. C'est notre rôle avec OceanoScientific".
Certes, l'assistance aux pêcheurs côtiers pour viser "une pêche durable pour une alimentation durable en circuit court", véritable croisade menée par Yvan Griboval, est un objectif à moyen terme. Mais les informations scientifiques fiables qui résultent de la collecte puis de l'étude de l'ADNe marin d'un site sensible - comme celui de la grande plage de Nice le long de la Promenade des Anglais - est un élément fondamental à usage immédiat des collectivités territoriales du littoral. Par exemple, si la Métropole de Nice Côte d'Azur souhaite délimiter une Aire Marine Protégée dans cet espace maritime et en définir la réglementation spécifique, les données scientifiques procurées par les collectes d'ADNe seront les seules véritablement fiables. C'est d'ailleurs un des services dispensés par l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse aux collectivités littorales dans le cadre de la Mission BioDivMed. D'où l'importance de pérenniser ces Sites Sentinelles de Biodiversité Marine.
Mardi 17 septembre devant les remparts d'Antibes, l'équipe de collecte d'ADNe de OceanoScientific est en action à bord du Vanguard - Suzuki dans une atmosphère étrange : ciel dégagé à l'Ouest et à l'Est et, dans le dos de la photographe, le ciel plombé d'un flux orageux très actif qui va se déchaîner dans moins de deux heures, colore la mer d'un bleu irréel...
Photo OceanoScientific
Mercredi 18 septembre 2024
Collecter des échantillons sous le 40e Sud
Bernard Moitessier a inspiré un grand nombre de marins qui, comme lui, ont eu envie à leur tour de réaliser la grande boucle en solo par les trois caps mythiques : Bonne-Espérance, Leeuwin et le Cap Horn. C'est aussi devenu le circuit quadriennal des solitaires du Vendée Globe, dont le prochain départ est programmé le 10 novembre. C'est devenu le défi auquel s'attaquent des "amateurs" passionnés qui s'engagent sur La Longue Route dans un anonymat qui sied aux marins qui ont la passion du large chevillée au corps. C'est le cas de Frédéric Switala, parti du ponton de Port Navy Service (Port Saint Louis du Rhône) dimanche 15 septembre à l'heure de la sortie de la grand-messe. Frédéric Switala est également le patron du chantier META Yachts Services, qui a procédé à la maintenance et à de nombreuses modifications du catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN de l'association OceanoScientific. Nous lui avons confié une quarantaine de flacons à usage scientifique pour recueillir des échantillons d'eau de mer de surface qui seront remis à l'Ifremer à son retour. Les taux de salinité seront comparés aux résultats obtenus en janvier-février-mars 2017 grâce aux échantillons, collectés selon la même procédure, par Yvan Griboval lors de l'Expédition OceanoScientific Tour du Monde 2016-2017.
Yvan Griboval (à droite) remet une quarantaine de flacons à usage scientifique à Frédéric Switala pour qu'il collecte des échantillons d'eau de surface lorsqu'il naviguera sous le 40e parallèle Sud sur le trajet de La Longue Route, dans le sillage de Bernard Moitessier, de Yvan Griboval et de tant d'autres marins qui ont doublé les trois caps mythiques à la voile en solitaire sans escale. Photo OceanoScientific
Conçu pour la course au large, l'intérieur de MAN OF WAR paraît spartiate, mais il est parfait pour réaliser le défi relevé par Frédéric Switala, qui a emporté deux sacs de la marque "Love the Ocean", confectionnés avec le tissu des voiles que Yvan Griboval utilisa pour réaliser l'Expédition OceanoScientific Tour du Monde 2016-2017 en solitaire. Photo OceanoScientific
MAN OF WAR est un plan German Frers construit en Australie en 1985 pour courir la Sydney-Hobart où il termina 7e en 1986. Long de 47 pieds (14,30 m), déplaçant 10 tonnes avec l'avitaillement du tour du Monde, il porte 54 mètres carrés de grand-voile, 60 mètres carrés de voile plate d'avant et des spis de 180 mètres carrés. Photo Frédéric Switala
Mercredi 28 août 2024
Sites Sentinelles de Biodiversité Marine
La séquence la plus importante de l'Expédition OceanoScientific ADNe Méditerranée 2024 a été réalisée avec succès à la charnière des mois de juillet et août, sur 15 Sites Sentinelles de Biodiversité Marine (SSBM) du rivage de la Région Sud, le long des côtes des Alpes-Maritimes, du Var et des Bouches-du-Rhône. À ce jour, déjà trente échantillons d'ADN environnemental (ADNe) ont été remis aux équipes du Professeur David Mouillot (Unité Mixte de Recherche Marbec - Université de Montpellier), qui pilote l'aspect scientifique de cette campagne innovante en collaboration avec Benjamin Allegrini (Spygen). L'objectif est de compléter la grande collecte de 2023 qui a permis d'établir le tout premier inventaire scientifique de la biodiversité marine (poissons & crustacés) des côtes méditerranéennes françaises, auquel l'équipe de l'association OceanoScientific a contribué de Menton à Gruissan. Cette mission, coordonnée par Justine Camus (OceanoScientific), s'inscrit à nouveau dans le cadre de la Mission BioDivMed initiée par Pierre Boissery (Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse). Elle a été menée en autonomie totale grâce à la plateforme de logistique océanographique LOVE THE OCEAN (Lagoon 570). Ce catamaran a effectué cette navigation en autonomie énergétique totale, sans jamais pénétrer dans un port autre qu'au départ et à l'arrivée de l'expédition. Tous les soirs, l'équipage trouvait une zone dénuée de posidonie où jeter l'ancre grâce à l'application DONIA, conçue et distribuée par la société Andromède Océanologie. C'est un outil indispensable ! Précisons qu'une dernière campagne 2024 de collecte d'échantillons d'ADNe est en cours d'organisation par OceanoScientific à échéance de ce mois de septembre.
Trente échantillons d'ADN environnemental (ADNe) ont été collectés par l'équipe de l'association OceanoScientific, sous la coordination de Justine Camus (à droite) avec la collaboration de Clara Bayol, ingénieure biologiste (à gauche) et le concours de Amélie Bayol (au centre) qui pilotait le pneumatique professionnel Vanguard-Suzuki. Photo OceanoScientific
Chaque Site Sentinelle de Biodiversité Marine (SSBM) est identifié sur la carte de l'ordinateur de l'OceanoScientific Explorer LOVE THE OCEAN et Yvan Griboval, son skipper, veille à positionner le catamaran à une des extrémités de ce tronçon d'un mille nautique (1 852 m). Photo Justine Meddah - Groupe Nice-Matin
Pour bénéficier de conditions optimum de collecte, l'équipage du Vanguard-Suzuki privilégie les navigations au lever du jour, lorsque la mer n'est pas plus agitée qu'un lac. Photo OceanoScientific
Le catamaran LOVE THE OCEAN (Lagoon 570) permet de se déplacer en autonomie énergétique totale grâce à 2 000 watts de panneaux solaires. C'est également la base logistique de l'équipe de collecte d'ADNe, qui se protège du soleil et de la puissante réverbération grâce aux efficaces produits solaires PhytoQuant. Photo Justine Meddah - Groupe Nice-Matin
Collecter des échantillons d'ADNe marin nécessite d'appliquer une procédure excessivement rigoureuse, toujours répétée à l'identique, telle que définie par les scientifiques de la société Spygen. La tâche la plus délicate consiste à ne pas polluer la petite crépine par laquelle circule l'eau de mer filtrée. Photo Justine Meddah - Groupe Nice-Matin
L'équipe-type de collecte d'ADNe marin est composée de trois personnes, dont un(e) scientifique : ici Clara Bayol (au centre). On remarque sur cette image la pompe installée à bâbord (gauche) du Vanguard-Suzuki, en cours de filtration de l'eau de mer. Photo OceanoScientific
Grâce à un procédé conçu par Yvan Griboval (OceanoScientific), la pompe est positionnée de telle manière sur le Vanguard-Suzuki que la collecte d'ADNe marin est systématiquement réalisée à une profondeur constante. Le (ou la) scientifique embarqué(e) veille juste que le débit soit régulier pour que trente litres d'eau de mer soient effectivement filtrés.
Photo OceanoScientific
Il est primordial que la route du Vanguard-Suzuki soit parfaitement rectiligne, pour demeurer au-dessus de la ligne de sonde (20/30 m) sélectionnée par le Professeur David Mouillot comme Site Sentinelle de Biodiversité Marine prioritaire. C'est le travail de Justine Camus, qui note également toutes les observations qui seront nécessaires au moment d'interpréter les résultats.
Photo OceanoScientific
En termes de sécurité, l'équipage du Vanguard-Suzuki est en contact permanent par VHF avec le catamaran LOVE THE OCEAN. Les heures de début et de fin de collecte - deux collectes par Site Sentinelle de Biodiversité Marine - sont consignées sur le livre de bord du Lagoon 570. Photo OceanoScientific
Pendant que l'équipe de collecte réalise sa mission à une vitesse de 2 nœuds (3,7 km/h), le catamaran LOVE THE OCEAN, mené alors en solitaire par Yvan Griboval, demeure à proximité en attentif "chien de garde" observant l'évolution des conditions de navigation, souvent changeantes l'été à proximité de la côte. Photo OceanoScientific
Une fois l'ADN environnemental collecté par filtration de trente litres d'eau de mer par tronçon du Site Sentinelle de Biodiversité Marine (deux tronçons par SSBM) le (ou la) scientifique, ici Clara Bayol, verse dans le récipient du filtre une préparation "top secret" conçue par la société Spygen pour que les brins d'ADNe soient parfaitement préservés jusqu'au moment où ils seront analysés par l'UMR Marbec - Université de Montpellier. Photo OceanoScientific
Mercredi 17 juillet 2024
PARI GAGNÉ : Premiers séquençages ADN réussis !
Ce mercredi 17 juillet demeurera une date majeure de l'association OceanoScientific. Un immense succès ! C'est en effet ce matin-là au cœur de l'été, entre les murs épais du Muséum d'Histoire Naturelle de Nîmes (1895) où est nichée l'École de l'ADN dirigée par le Professeur Christian Siatka, généticien de renom par ailleurs Professeur de l'Université de Nîmes, vice-Président de OceanoScientific et Directeur Scientifique des Expéditions OceanoScientific Porifera, que les premiers séquençages ADN de minuscules échantillons de spongiaires collectés durant l'Expédition OceanoScientific Porifera Corse 2024 ont été réalisés. Clara Bayol, future ingénieure biologiste en stage de fin d'études chez OceanoScientific, a réalisé elle-même toute la procédure d'extraction d'ADN sous les directives du Professeur Siatka. Le résultat est à la hauteur de plus de quatre années d'obstination à progresser sur une voie qui généra tellement de critiques et de mépris de la part de moult scientifiques et d'observateurs sur le thème universel préalable à toute innovation : "Vous n'y arriverez jamais, c'est impossible !"
Premier résultat : 10 microgrammes d'ADN au total dans le tout premier échantillon. Et plus encore dans les suivants. "C'est une très bonne quantité d'ADN, très exploitable !", affirme avec le sourire le Professeur Christian Siatka, sous le regard de Clara Bayol. Photo OceanoScientific
"Cela fait plus de quatre ans que je rêve à ce moment, tellement décrié", explique Yvan Griboval à l'initiative du Projet REFRACOR 2030 de préservation des données génétiques du patrimoine récifal français, notamment pour exploiter vertueusement les molécules d'intérêt des éponges marines. "Pour offrir l'opportunité à des jeunes de bâtir une carrière professionnelle dans les domaines de la Santé, du Bien-être et des Services à l'Environnement au gré de l'émergence de nouveaux métiers de l'Économie Bleue par usage de la bio-informatique et de l'Intelligence Artificielle (IA)".
"Preuve est désormais faite que ce projet de constitution de la première banque de données génétiques d'organismes marins au gré d'expéditions à la voile en autonomie totale sans émission de CO2, dans des zones maritimes ouvertes - hors Parcs marins et Aires Marines Protégées (AMP) - est réaliste. Ce sera donc à la fois l'occasion d'alimenter des étudiants en séquences ADN pour y rechercher des molécules d'intérêt, que pour sauvegarder des données génétiques d'organismes marins menacés par la Sixième Extinction au profit de la recherche fondamentale".
Et le Professeur Christian Siatka de préciser : "Les étapes de dosage au NanodropTM nous ont permis de quantifier les ADN extraits et d'évaluer leur pureté. Les excellents résultats d'extraction obtenus permettent de réaliser les prochaines étapes de séquençage sur NanoporeTM".
Les minuscules échantillons de douze espèces différentes d'éponges marines recueillis dans le cadre de l'Expédition OceanoScientific Porifera Corse 2024 sont remis par Yvan Griboval et Clara Bayol au Professeur Christian Siatka (au centre) à l'École de l'ADN (Nîmes). Photo OceanoScientific
Avant d'entamer le séquençage des échantillons de spongiaires, le Professeur Christian Siatka expose à Clara Bayol la procédure rigoureuse qui doit mener à l'extraction d'ADN dans les meilleures conditions, avec les plus grandes chances de succès. Photo OceanoScientific
Devant la caméra de Aurore Partouche, qui réalise la vidéo qui témoignera de cette étape cruciale du Projet REFRACOR 2030 et qui alimentera les réseaux sociaux, Clara Bayol recueille les microscopiques parcelles de l'échantillon d'une éponge pour préparer l'extraction d'ADN. Photo OceanoScientific
Étape cruciale de centrifugation pour purifier l'ADN. Le Professeur Christian Siatka réalise les opérations
sous l'œil attentif de Clara Bayol. Photo OceanoScientific
Le nettoyage des colonnes de purification contenant l'ADN fixé est désormais réalisé, on va savoir si l'ADN
de l'éponge est accessible. Ou pas... Photo OceanoScientific
Écran du MinIONTM (Oxford Nanopore Technologies) au terme du premier séquençage long read du génome d'une éponge, affichant plus de 53 millions de nucléotides analysés. Photo Christian Siatka - École de l'ADN
Mercredi 3 juillet 2024
Départ princier pour la Mission BioDivMed 2024
Jeudi 27 juin au Yacht Club de Monaco, S.A.S. le Prince Souverain Albert II a pris les amarres que lui a remises Yvan Griboval à l'occasion du départ de la deuxième Expédition OceanoScientific ADNe Méditerranée. Celle-ci s'inscrit dans le cadre de la Mission BioDivMed initiée par l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse en collaboration avec l'Unité Mixte de Recherche Marbec - Université de Montpellier et la société Spygen. Dès la sortie de la Marina du Y.C.M., l'équipage du Lagoon 570 LOVE THE OCEAN a mis le cap à l'Est pour procéder à la collecte d'échantillons d'ADNe sur le Site Sentinelle de Biodiversité Marine (SSBM) de Menton, à l'extrémité orientale du littoral méditerranéen continental français le long duquel pas moins de soixante SSBM ont été identifiées jusqu'à la frontière espagnole. Après un retour du LOVE THE OCEAN à sa base technique de Port Saint Louis du Rhône, son équipage procèdera à la collecte d'ADNe sur une vingtaine de Sites Sentinelles de Biodiversité Marine de Monaco à Carnon (Hérault) avec le pneumatique semi-rigide Vanguard - Suzuki équipé d'un matériel unique mis au point par OceanoScientific. Il permet la collecte d'échantillons d'ADNe avec une parfaite rigueur scientifique.
S.A.S. le Prince Souverain a récupéré les amarres du catamaran LOVE THE OCEAN que lui a remises Yvan Griboval au moment de quitter le ponton d'honneur du Yacht Club de Monaco au départ de l'Expédition OceanoScientific ADNe Méditerranée 2024.
Photo Axel Ballesto - Palais Princier
Avant d'appareiller, Justine Camus, Coordinatrice de l'Expédition OceanoScientific ADNe Méditerranée, Yvan Griboval et Clara Bayol ont réceptionné les kits Spygen destinés à la collecte des échantillons d'ADNe apportés par le Professeur David Mouillot et l'Ingénieure d'études Marie Orblin de l'UMR Marbec - Université de Montpellier. Photo OceanoScientific
Juste avant l'appareillage du LOVE THE OCEAN, le Professeur David Mouillot a rappelé les bons résultats de la Mission BioDivMed 2023, à laquelle l'association OceanoScientific a activement participé, en insistant sur la nécessité de répéter chaque année ce type de collecte d'ADNe sur une soixantaine de Sites Sentinelles de Biodiversité Marine entre Menton et Banyuls-sur-Mer.
Photo Mesi - Yacht Club de Monaco
S.A.S. le Prince Souverain et Bernard d'Alessandri, Directeur Général du Yacht Club de Monaco ont souhaité "Bon Vent" à l'équipage du LOVE THE OCEAN, engagé pour la deuxième année consécutive dans la Mission BioDivMed.
Photo Mesi - Yacht Club de Monaco
À bord du Vanguard - Suzuki, Justine Camus (de face, à gauche) et son équipe du 27 juin : Clara Bayol (de dos),
Marie Orblin et Simon Huret aux commandes, ont réalisé une première double collecte d'ADNe sur
le Site Sentinelle de Biodiversité Marine (SSBM) de Menton. Photo OceanoScientific
Mercredi 26 juin 2024
Mission BioDivMed 2024 entre Menton et Carnon
Suite à l'Expédition OceanoScientific ADNe Méditerranée 2023, réalisée dans le cadre de la Mission BioDivMed 2023, la deuxième édition de cette campagne océanographique quittera le Yacht Club de Monaco jeudi 27 juin à 11h00 et débutera par la collecte d'échantillons d'ADN environnemental (ADNe) du Site Sentinelle de Biodiversité Marine (SSBM) de Menton, soit à l'extrémité Est du littoral méditerranéen continental français sur lequel ont été identifiées pas moins de soixante SSBM jusqu'à la frontière espagnole. Cette Expédition OceanoScientific s'inscrit dans un premier cycle 2023-2027. L'association OceanoScientific est en effet membre du Consortium BioDivMed mis en œuvre à l'initiative de l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse avec l'Unité Mixte de Recherche Marbec - Université de Montpellier et la société Spygen. Sous la direction scientifique du Professeur David Mouillot (UMR Marbec - Université de Montpellier) l'équipe de OceanoScientific recueillera cette année des échantillons d'ADNe dans une vingtaine de Sites Sentinelles de Menton (Alpes-Maritimes) à Carnon (Hérault) avec le Lagoon 570 LOVE THE OCEAN équipé d'un pneumatique Vanguard - Suzuki.
Pas moins de soixante Sites Sentinelles de Biodiversité Marine (SSBM) ont été identifiés, la plupart du fait de l'expérience acquise
à l'occasion de l'Expédition OceanoScientific ADNe Méditerranée 2023 réalisée dans le cadre de la Mission BioDivMed.
Mercredi 19 juin 2024
Rendez-vous au Yacht Club de Monaco
jeudi 27 juin à 11h00
Après le succès de l'Expédition OceanoScientific ADNe Méditerranée 2023, c'est à 11h00 jeudi 27 juin que la plateforme logistique d'océanographie LOVE THE OCEAN quittera le ponton d'honneur du Yacht Club de Monaco, marquant ainsi le départ de la deuxième édition de cette campagne scientifique réalisée dans le cadre de la Mission BioDivMed. L'association OceanoScientific est en effet membre du Consortium BioDivMed qui réunit, à l'initiative de l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse : l'Unité Mixte de Recherche Marbec - Université de Montpellier en collaboration avec le Centre d'Écologie Fonctionnelle & Évolutive, les sociétés Spygen et Andromède Océanologie ainsi que les associations philanthropiques We are Méditerranée et OceanoScientific. Yvan Griboval et son équipe, coordonnée par Justine Camus, débuteront cette deuxième mission d'identification des poissons, crustacés et céphalopodes du littoral méditerranéen par la Station Sentinelle de Biodiversité Marine de Menton. À l'occasion du départ du Yacht Club de Monaco, le Professeur David Mouillot (UMR Marbec - Université de Montpellier) présentera les résultats positifs et encourageants de la Mission BioDivMed 2023 et les perspectives d'avenir de cette stratégie de recensement scientifique synchronisé et standardisé de la biodiversité marine côtière : une innovation qui positionne la France en leader de cette méthode inédite …et réellement efficace.
Mercredi 5 juin 2024
Plein succès
pour l'Expédition OceanoScientific Porifera Corse 2024
L'Expédition OceanoScientific Porifera Corse 2024 a été réalisée au Sud de la Corse du 25 mai au 4 juin aux abords du Golfe de Porto-Vecchio, soit en dehors du Parc marin de Bonifacio, avec le catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN et le semi-rigide Vanguard motorisé Suzuki. C'était la première phase-test du projet REssources FRAnçaises CORalliennes - REFRACOR 2030, évoqué dans nos Newsletters du 10 et du 17 avril. Le résultat est parfaitement conforme aux objectifs pourtant ambitieux : douze espèces différentes de spongiaires (éponges marines) ont été collectées et leurs 32 petits échantillons ont été conditionnés pour extraire l'ADN de ces organismes marins aux multiples propriétés, probablement riches en molécules d'intérêt au profit de la Santé et du Bien-être. Cette première Expédition OceanoScientific sous-marine a été réalisée notamment grâce au concours bienveillant de Dive Lyon, magasin spécialisé pour les plongées Tek dirigé par Rémi Prat et de Bonifacio Plongée, le club de référence du Sud de la Corse dirigé par le sympathique Jordi Rossi.
L'Expédition OceanoScientific Porifera Corse 2024 en 58 secondes : https://youtu.be/l7IkpZSvH4M
Dream Team : les trois plongeuses professionnelles : Justine Camus (Plongeuse professionnelle / Coordinatrice de l'Expédition), Michèle Leduc (Plongeuse scientifique professionnelle / Cheffe des Opérations Hyperbares), Manon Gomez y Gimenez (Plongeuse scientifique professionnelle) au terme de leur première journée de collecte à bord de la plateforme de logistique océanographique LOVE THE OCEAN avec les tout premiers échantillons de spongiaires collectés. Photo OceanoScientific
Il est 6h00, le soleil se lève sur le Golfe de Porto-Vecchio. À bord du catamaran LOVE THE OCEAN, l'équipe qui va partir plonger se prépare. Photo OceanoScientific
L'équipe d'exploration, de gauche à droite : Manon Gomez y Gimenez (Plongeuse scientifique professionnelle), Clara Bayol (Ingénieure biologiste / Responsable de la sécurité en surface), Michèle Leduc (Plongeuse scientifique professionnelle / Cheffe des Opérations Hyperbares) et Justine Camus (Plongeuse professionnelle / Coordinatrice de l'Expédition). Photo OceanoScientific
Le Vanguard - Suzuki est sur la zone de plongée, de gauche à droite : Justine Camus, Manon Gomez y Gimenez et Michèle Leduc se préparent à plonger dans des fonds de quatre à onze mètres. Photo OceanoScientific
La première tâche des plongeuses scientifiques est d'identifier un individu sur lequel sera (peut-être) prélevé un petit échantillon qui ne blessera pas l'organisme marin, puisqu'il se reconstituera, comme un cheveu ou un ongle repousse sur un être humain. Ici Justine Camus sur l'épave du navire cimentier PINELLA à proximité de la Roche de la Pecorella.
Photo OceanoScientific
Découvrir une éponge marine, parfois âgée de plusieurs centaines (milliers ? millions ?) d'années, est toujours un émerveillement. Ici une Crambe crambe. C'est une espèce d'Éponge encroûtante orange-rouge de la famille des Crambeidae. Photo OceanoScientific
Pendant que Justine filme le travail des scientifiques, Manon identifie l'espèce dont un petit échantillon va être prélevé. Michèle photographie l'individu pour enrichir la fiche descriptive de cet échantillon. Profondeur et position GPS complètent les informations relatives à la collecte. Photo OceanoScientific
Une fois le petit échantillon prélevé, il est conditionné dans un sachet Ziploc pour être remonté à bord du LOVE THE OCEAN afin que Clara Bayol puisse aussitôt le conditionner et le préserver dans un liquide de conservation adéquat. Photo OceanoScientific
Pendant que l'équipe de plongée recueille les précieux échantillons, le catamaran LOVE THE OCEAN est sagement au mouillage dans le Golfe de Porto-Vecchio. Aurore Partouche réalise le montage des vidéos sous-marines de la veille et Yvan Griboval prépare le planning du jour suivant. Photo OceanoScientific
À bord du LOVE THE OCEAN, dans la cabine à usage scientifique, Clara Bayol (Ingénieure biologiste) conditionne les petits échantillons de spongiaires en les préservant dans un liquide de conservation qui ne risque pas d'altérer leur ADN selon le protocole recommandé par le Professeur (Généticien) Christian Siatka. Photo OceanoScientific
Chaque échantillon de spongiaire est conservé dans un tube spécial de 110 mm de long et 30 mm de diamètre, dans un liquide qui permet d'éviter toute altération de l'ADN de l'individu dont est issu cet échantillon. Photo OceanoScientific
De retour au siège de l'association OceanoScientific, les 32 échantillons sont prêts à être dispatchés à destination : du Professeur Christian Siatka (École de l'ADN) pour permettre la fabrication de kits de séquençage pour les lycéennes et les lycéens des classes de Seconde, Première et Terminale ; de Éric Ginoux, Directeur de la société Life & Soft pour un séquençage ADN profond avec le matériel scientifique le plus efficace à ce jour, afin de préserver dans une base de données inédite les données génétiques de ces organismes marins menacés par la Sixième Extinction. Photo OceanoScientific
Mercredi 29 mai 2024
Expédition OceanoScientific Porifera Corse 2024
L'Expédition OceanoScientific Porifera Corse 2024, réalisée avec le catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN et le semi-rigide Vanguard motorisé Suzuki, va débuter ce jeudi 30 mai 2024 ses premières plongées professionnelles dirigées par Justine Camus (OceanoScientific) dans les zones les plus accessibles et les moins sensibles du Parc marin de Bonifacio. C'est un aboutissement au terme de quatre années intensives pour démarrer ce projet très innovant. Mais c'est surtout le début de la première phase-test du projet REssources FRAnçaises CORalliennes - REFRACOR 2030, évoqué dans nos Newsletters du 10 et du 17 avril. Nous nous engageons donc dans cette véritable croisade pour faire reconnaitre les récifs coralliens français comme un patrimoine national à préserver, à valoriser et à exploiter vertueusement au profit de la jeunesse française et des entreprises tricolores de toutes tailles, de la pousse naissante au grand groupe industriel. Nous considérons qu'il s'agit-là d'un sujet de Souveraineté Nationale. Et nous venons en Corse pour observer scientifiquement la biodiversité du Parc marin de Bonifacio, dans le strict respect des réglementations locales.
Rencontre avec un groupe de dauphins bleu et blanc au lever du jour sur le trajet entre Port Saint Louis du Rhône, notre base technique, et le Sud de la Corse. La biodiversité marine de la Méditerranée est d'une grande richesse. Photo OceanoScientific
Mercredi 22 mai 2024
Mission BioDivMed 2023 :
Résultats positifs ...et encourageants
La Mission BioDivMed 2023, premier recensement scientifique synchronisé et standardisé de la biodiversité marine côtière a été réalisé de la frontière italienne à la frontière espagnole, tout autour de la Corse, incluant ports et lagunes, ainsi que dans l'espace Pelagos, le triangle France - Corse - Italie. L'association OceanoScientific y a largement contribué en réalisant l'Expédition OceanoScientific ADNe Méditerranée 2023 de Menton à Gruissan avec le catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN. Jamais auparavant, où que ce soit dans le Monde, un tel inventaire du vivant n'avait été réalisé, notamment sur autant de sites à fine échelle spatiale. Les premiers résultats scientifiques sont positifs et encourageants. C'est une innovation majeure qui place la France en leader incontesté de l'inventaire scientifique des macro-organismes marins, de l'observation de la biodiversité marine côtière. C'est un outil d'aide à la décision pour la préservation et la conservation, le début d'une observation pérenne de la Nature.
Quelques heures avant la présentation officielle des résultats de la Mission BioDivMed 2023, les acteurs de cette grande innovation scientifique se sont réunis autour de Pierre Boissery et du Professeur David Mouillot pour une ultime réunion de travail, notamment pour évoquer les prochaines Missions BioDivMed, à commencer par celle de juillet prochain.
Photo OceanoScientific
La Mission BioDivMed a été entamée au printemps 2023 à l'initiative du Consortium Mission BioDivMed (liste ci-dessous) dans le respect de la Stratégie Nationale Biodiversité - SNB 2030 présentée par le Gouvernement lundi 27 novembre 2023. Cela constitue, à peine six mois plus tard, un des premiers résultats concrets de cet engagement majeur de l'État français. Il est à noter que c'est donc un grand succès en matière de synergie entre des établissements publics, des sociétés privées et des associations philanthropiques. Ces atouts permettent à la France d'exporter son savoir-faire et de renforcer son leadership dans la préservation de la Nature au profit des générations futures de l'Humanité.
Le premier constat est que les efforts des collectivités littorales sont efficaces. La Mission BioDivMed démontre scientifiquement que le littoral méditerranéen français est riche d'une incroyable biodiversité marine côtière en poissons et crustacés ! Mais certains secteurs demeurent dépourvus d’espèces vulnérables. Ils nécessitent des efforts de restauration. C'est globalement un satisfecit majeur pour tous les acteurs, dont les collectivités territoriales, qui, pour certaines, ont engagé de longue date des efforts de préservation et de conservation de leur littoral, considérant que ce ne sont pas seulement des sites touristiques pour les vacanciers de passage, mais surtout un patrimoine naturel d'une grande richesse à préserver en priorité.
Le Professeur David Mouillot, un des coordinateurs scientifiques de la Mission BioDivMed, rappelle le contexte de ce projet innovant et hors-norme : "Imaginer BioDivMed c’est une chose. Nous, scientifiques, on en a tous rêvé. Mais convaincre de sa pertinence, puis le financer et le mettre en œuvre, c’est une autre histoire ! Jusqu’en avril 2023, à quelques jours du démarrage de l’échantillonnage de 700 filtres d’ADNe - technique qui nous permet de détecter les traces laissées par les organismes dans leur milieu - nous faisions face à un super défi opérationnel entre la filtration stérile, le séquençage et l’analyse de cette ADNe si précieux qui nous révèle la présence des espèces, même les plus rares comme le requin ange (inoffensif)."
Durant l'Expédition OceanoScientific ADNe Méditerranée 2023, l'équipe de collecte profitait du lever du jour, d'une mer plate comme un lac, souvent sans un souffle de vent comme ici devant Le Cap d'Agde, pour mettre en œuvre les procédures les plus rigoureuses à bord du pneumatique semi-rigide Vanguard - Suzuki. Photo OceanoScientific
"Une fois constitué d'une association de compétences, le Consortium BioDivMed a produit ses premiers résultats à la hauteur de l’ambition du projet. Nous découvrons en effet avec étonnement et satisfaction de nouveaux habitats remarquables qui présentent de fortes densités en espèces menacées, alors que ce ne sont pas forcément des sites protégés. Cet inventaire nous permet actuellement de dresser un premier état lieu et de développer plusieurs indicateurs de biodiversité. Ils serviront de tableau de bord aux acteurs locaux. Cela sera en effet une précieuse aide à la décision en matière d'actions de lutte contre la pollution, comme de définition de nouvelles réserves marines, qu'elles soient limitées dans le temps ou pérennes."
Désormais, dans la continuité de cette innovation, de nombreux Sites Sentinelles de Biodiversité Marine - SSBM vont être positionnés dès cette année de Menton à Banyuls-sur-Mer - ce sera l'Expédition OceanoScientific ADNe Méditerranée 2024 - et tout autour de la Corse pour des observations répétées durant un premier cycle de quatre ans (2025-2028), une nouvelle fois en collaboration avec des acteurs locaux publics, privés et des associations philanthropiques.
Grâce à l'augmentation des observations scientifiques par la mise en place de ces Sites Sentinelles de Biodiversité Marine côtière, il va être possible à moyen terme, non seulement d'augmenter la capacité d'identification des espèces, mais également la densité de celle-ci dans une zone donnée. Ce sera un grand pas en avant pour favoriser : "Une pêche côtière durable pour une alimentation durable en circuits courts".
Partenaires du Consortium Mission BioDivMed : Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse en charge d'établir l'état de santé de la zone marine côtière, Unité Mixte de Recherche Marbec (IRD - Ifremer - CNRS) - Université de Montpellier assistée du Centre d'Écologie Fonctionnelle et Évolutive de Montpellier, sociétés SPYGEN et Andromède Océanologie, associations philanthropiques d'intérêt général OceanoScientific et We Are Méditerranée.
Pendant que les scientifiques de la Mission BioDivMed terminaient leurs analyses à Montpellier, Clara Bayol, Ingénieure biologiste en stage dans l’association OceanoScientific, présentait à plusieurs groupes d’élèves de la Troisième à la Terminale (environ 400 jeunes) de l’Ensemble Scolaire Saint-Louis Sainte-Marie de Gignac-La-Nerthe (Marseille) où elle fut élève, les actions d’OceanoScientific, tout en les mobilisant au sujet des nouveaux métiers de l'Économie Bleue générés par l'usage de la bio-informatique appliquée aux organismes marins. Photo Ensemble Scolaire Saint-Louis Sainte-Marie
Jeudi 16 mai, Cécile d'Estais, Déléguée Générale de OceanoScientific et Justine Camus, Cheffe de Projet, ont sensibilisé une soixante de lycéennes et lycéens à la nécessite de préserver l'Océan et à s'intéresser aux métiers émergents de l'Économie Bleue : 39 élèves de Terminale du Lycée Calmette de Nice, et dans le cadre de leur échange Erasmus, 12 élèves suédois du Kungsängsgymnasiet de Sala et 9 élèves autrichiens du BRG Enns. Photo OceanoScientific
Mercredi 15 mai 2024
Pourquoi s'intéresser aux éponges ?
Il y a près de cinq ans que l'association OceanoScientific a orienté ses activités exploratoires à vocation scientifique à destination des récifs coralliens français. Il y a plus de trois ans que la décision a été prise de se concentrer sur les spongiaires, les éponges marines. Premiers animaux multicellulaires apparus sur la Planète il y a 760 millions d'années, les éponges recèlent des molécules d'intérêt pour la Santé (Humaine - Animale), le Bien-être (Dermatologie - Cosmétologie - Nutrition) et les Services à l'Environnement (Agriculture - Aquaculture - Dépollution). Il y a encore peu de temps, l'exploitation de ces trésors pour l'Humanité nécessitait de prélever beaucoup d'animaux vivants. Il nous paraissait donc inconcevable d'en favoriser le pillage en démontrant les bienfaits potentiels de ces organismes marins pour l'Humanité. Jusqu'à la rencontre avec le Professeur Christian Siatka, Directeur de la plateforme de Génotypage et de Génomique de l’École de l’ADN, devenu depuis vice-Président de l'association OceanoScientific et Directeur Scientifique des Expéditions OceanoScientific Porifera. Avant la fin de ce mois de mai, nous allons entamer (enfin !) la première des Expéditions OceanoScientific Porifera 2023-2030 avec notre Lagoon 570 LOVE THE OCEAN.
Les éponges marines (spongiaires) recèlent des molécules d'intérêt pour la Santé (Humaine - Animale), le Bien-être (Dermatologie - Cosmétologie - Nutrition) et les Services à l'Environnement (Agriculture - Aquaculture - Dépollution). Éponges des Antilles - Photo Thierry Pérez, Directeur de Recherches CNRS IMBE - Station Marine d’Endoume (Marseille)
Le Professeur Christian Siatka nous a donc orienté sur la voie de la génétique. Avant lui, le Professeur Thierry Pérez, Directeur de Recherches CNRS à l'Institut Méditerranéen de Biodiversité et d'Écologie Marine - IMBE basé à la Station Marine d’Endoume (Marseille), nous a communiqué sa passion pour les spongiaires, lui qui sillonne inlassablement le Monde entier pour mieux connaître ces "drôles" d'animaux benthiques sessiles qui peuplent les récifs coralliens et en sont de précieux facteurs de la bonne santé de la biodiversité ambiante.
Désormais, le Professeur Christian Siatka, est le mieux à même d'exposer pourquoi nous nous intéressons aussi passionnément aux éponges : "Les éponges marines (spongiaires) sont des organismes clés dans les écosystèmes marins qui font partie des formes de vie les plus anciennes et les plus primitives de la vie animale sur Terre. Elles ont en effet colonisé les océans il y a environ 760 millions d'années. Elles sont fascinantes non seulement pour leur rôle de filtration de l'eau, mais également comme source de diversité microbienne impressionnante, offrant un réservoir pour la bioprospection. Leur microbiome complexe est composé d'une multitude d'unités taxonomiques opérationnelles, chacune jouant un rôle écologique spécifique et contribuant à la santé et à la survie de l'hôte."
"Les technologies de séquençage de nouvelle génération (NGS) ont révolutionné notre capacité à analyser ces communautés microbiennes, produisant des données génétiques détaillées qui révèlent des informations précieuses sur l'adaptation et la fonction de ces organismes. En parallèle, l'application de l'intelligence artificielle (IA) à ces données a permis une exploration plus poussée, identifiant des séquences génétiques rares et établissant des liens phylogénétiques complexes, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives dans la recherche biomédicale et biotechnologique. Ces avancées ont également des implications pour la résilience des écosystèmes marins face aux changements environnementaux et pour la conservation de la biodiversité marine."
"En définitive, l'alliance de ces technologies de pointe illustre le potentiel immense des écosystèmes marins et promet de catalyser des progrès significatifs dans la biotechnologie marine. C'est évidemment une source durable de nouveaux métiers à court et moyen terme pour les jeunes."
"L'étude détaillée du microbiome des éponges marines révèle non seulement la diversité des espèces bactériennes présentes, mais aussi la richesse fonctionnelle de ces communautés. Des études métagénomiques et métabolomiques ont montré que les microbiotes d'éponges produisent une gamme de métabolites secondaires, dont certains possèdent des propriétés antibactériennes, antifongiques et antivirales (Pita et al., 2018)."
"Ces métabolites sont non seulement des candidats prometteurs pour des applications pharmaceutiques, mais ils sont également essentiels pour la survie et la santé de l'éponge, suggérant une symbiose évoluée pour la défense contre les pathogènes et la compétition inter-espèces."
Les scientifiques ont recensé environ huit mille espèces d'éponges, mais ils supputent qu'il y a probablement le double, le triple, voire plus depuis que des missions très profondes ont permis d'en découvrir à plus de deux mille mètres de fond. Éponges des Antilles - Photo Thierry Pérez, Directeur de Recherches CNRS IMBE - Station Marine d’Endoume (Marseille)
"La récente révolution des technologies de séquençage de nouvelle génération (NGS) a permis de générer des quantités massives de données génétiques à partir des éponges et de leurs communautés microbiennes."
"Les plateformes de NGS, long read et short read, offrent une résolution sans précédent des profils génétiques, révélant non seulement l'identité des espèces présentes, mais aussi leur fonctionnement biologique potentialisé (Taylor et al., 2013)."
"L'analyse bio-informatique de ces vastes ensembles de données a mis en lumière l'adaptation spécifique des microbiotes d'éponges à leur environnement et à leur hôte, et les stratégies métaboliques qu'ils emploient pour prospérer dans les habitats marins diversifiés (Fan et al., 2012)."
"L'ampleur des données produites par le séquençage de nouvelle génération pose des défis en matière de stockage, de gestion et d'analyse des données. C'est ici que les outils bio-informatiques deviennent indispensables. Ils permettent de gérer des bases de données volumineuses et d'appliquer des algorithmes de traitement de données pour annoter les séquences et prédire leur fonction (Quince et al., 2017)."
"L'usage de l'Intelligence Artificielle (IA) dans les études marines constitue une avancée majeure, en particulier dans l'analyse complexe du séquençage. Les algorithmes d'apprentissage machine, tels que les réseaux de neurones convolutifs et l'apprentissage en profondeur, peuvent traiter et interpréter ces grandes quantités de données de séquençage avec une précision et une rapidité sans précédent."
"L'application de ces outils d'IA a permis de révéler des relations phylogénétiques complexes, d'identifier des séquences génétiques rares et de prédire des fonctions métaboliques, ouvrant ainsi de nouvelles voies pour la caractérisation de nouvelles espèces microbiennes et la découverte de composés bioactifs (Moitinho-Silva et al., 2017)."
"L'intégration de l'IA et des technologies de séquençage avancées de nouvelle génération (NGS) dans l'étude des éponges marines est une avancée majeure pour la science. Elle permet de décrypter la complexité des communautés microbiennes, d'établir des cartographies phylogénétiques précises et de découvrir des gènes aux potentielles applications thérapeutiques".
En conclusion, de telles opportunités scientifiques ouvrent de nouvelles voies professionnelles, tant en termes de recherche que d'exploitation. Il s'agit des métiers émergents de l'Économie Bleue au sujet desquels nous souhaitons mobiliser les jeunes lycéennes et lycéens au moment où ils doivent faire des choix d'orientation conformément au dispositif Parcoursup.
Ce sera le thème de la deuxième édition du Tour MER & MÉTIERS - Révéler les vocations de Demain, programmée durant le premier trimestre de l'année scolaire 2024-2025, décrétée Année de la Mer par le Président de la République pour mener à la troisième Conférence des Nations Unies pour l'Océan - UNOC Nice 25, qui se tiendra dans la cité de la Baie des Anges du 5 au 15 juin 2025.
La première Expédition OceanoScientific Porifera du cycle 2023-2030 va conduire l'équipage de la plateforme de logistique océanographique LOVE THE OCEAN au Sud de la Corse. Elle naviguera en autonomie totale, sans émission de CO2, bien que son équipage la mènera dans des zones accessibles à tous. Éponges de Méditerranée - Photo Thierry Pérez, Directeur de Recherches CNRS IMBE - Station Marine d’Endoume (Marseille)
Mercredi 24 avril 2024
La Méditerranée cartographie sa biodiversité littorale : Présentation des résultats le 22 mai
Pour préserver la biodiversité marine, encore faut-il en connaître sa nature et sa cartographie … Recenser la biodiversité marine consiste à identifier puis à dénombrer l’ensemble des espèces vivantes dans un écosystème donné. Cela permet de suivre les tendances temporelles, les réponses aux perturbations et de pouvoir agir en fonction de la présence d’espèces rares ou vulnérables. La présence et la propagation d’espèces invasives, potentiellement nuisibles aux écosystèmes, peuvent aussi être détectées grâce à un recensement régulier et exhaustif de la biodiversité marine. Le Professeur David Mouillot (UMR Marbec - Université de Montpellier) a mis en œuvre au sein d’un large consortium une méthodologie innovante développée par la société SpyGen utilisant le metabarcoding de l'ADN environnemental (ADNe), en collaboration avec le Centre d’Écologie Fonctionnelle et Évolutive de Montpellier. Cette ambitieuse Mission BioDivMed 2023 a vu le jour grâce au soutien de l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse. Nous avons travaillé en juillet dernier sous la direction scientifique du Professeur David Mouillot à l'occasion de la première Expédition OceanoScientific ADNe Méditerranée. Nous l'avons interviewé à bord du Lagoon 570 LOVE THE OCEAN. À lire ci-après avant qu'il ne présente les résultats de cette ambitieuse étude, le 22 mai prochain à Montpellier. Elle fait de la France un leader incontesté en ce domaine scientifique prometteur…
Dans le cadre de la première Mission BioDivMed, l'Expédition OceanoScientific ADNe Méditerranée 2023 a recueilli
104 échantillons en 52 Stations de Menton à Gruissan durant le mois de juillet. Pendant ce temps, la société Andromède Océanologie faisait de même autour de la Corse. Carte Marbec - Université de Montpellier / OceanoScientific
Jusqu'à la Mission BioDivMed 2023, les méthodes déployées pour recenser la faune marine côtière étaient : soit destructives et incomplètes (pêche / retours de pêche) ; soit limitées en profondeur et en surface (comptage visuel en plongée) ; soit nécessitant un matériel complexe et onéreux à déployer avec de nombreuses heures d’analyses (caméras de vidéo sous-marine). Tous ces protocoles sont particulièrement invasifs. Ils peuvent aussi biaiser les recensements du fait d'une zone explorée par trop limitée (pêche / plongée), ou en raison de la fuite des animaux les plus méfiants, ou encore par non-détection des plus petits (poissons crypto-benthiques) et des plus rares (espèces invasives), etc. Mais le Professeur David Mouillot, à la tête d'un large consortium, a initié une autre méthode scientifique …beaucoup plus exhaustive et moins biaisée !
Basé à l'Université de Montpellier, David Mouillot est Professeur en Écologie des Systèmes Marins Côtiers au sein de l'Unité Mixte de Recherche (UMR) Marbec qui a quatre tutelles principales : l'Institut de Recherche pour le Développement - IRD, l'Institut Français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer - Ifremer, l'Université de Montpellier et le Centre National de Recherche Scientifique - CNRS, ainsi qu'une tutelle secondaire : l'Institut National de Recherche pour l'Agriculture, l'alimentation et l'Environnement - INRAE.
David Mouillot : "L’ADN environnemental, ce sont les fragments d’ADN que tous les organismes relâchent dans leur environnement, en milieu terrestre comme en milieu marin. Il a d’abord permis d’étudier la biodiversité en milieu lacustre, terrestre, fluvial. Ce n’est qu’il y a une dizaine d’années qu’on a commencé à s’intéresser à cet ADN dans l’Océan. Au départ on pensait qu’on allait chercher quelque chose d’impossible à filtrer, à récupérer. En fait, depuis quelques années on s’aperçoit que tous les organismes marins laissent beaucoup d’ADN dans l’eau. Désormais, nous arrivons finalement à bien le récupérer, à l’analyser et à détecter de nombreuses espèces qui, jusqu’alors, passaient sous les radars."
"L'intérêt pour l’ADN environnemental marin s'est manifesté dans les années 2010 avec les Danois qui ont été les premiers à s'y consacrer. Mais, avec l’entreprise française SpyGen basée au Bourget-du-Lac [entre Chambéry et Aix-les-Bains], nous avons réalisé nos premiers essais en mer en 2016-2017 grâce aux Explorations de Monaco. Nous avons pris beaucoup de risques au départ ! Maintenant, je peux affirmer sans conteste que la recherche française n’est plus du tout en retard dans cette investigation de l'ADN environnemental du milieu marin. Nous sommes un des groupes de recherche avec le plus d’échantillons au niveau mondial, du Pôle Nord jusqu’au Pôle Sud en passant par les tropiques. Mais c'est évidemment dans nos eaux, sur le littoral méditerranéen français, que nous détenons le plus d'informations précises au sujet de la biodiversité côtière, grâce à de nombreuses campagnes de filtration et d’analyse de l’ADNe."
"La Mission BioDivMed 2023 marque une étape déterminante dans ce leadership mondial de la cartographie marine fondée sur l’ADN environnemental. Grâce à la forte implication de l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse nous allons pouvoir établir des Sites Sentinelles le long du littoral méditerranéen français. Nous y observerons pour plusieurs années les tendances, au moins jusqu'en 2027 inclus. C'est une démarche unique au Monde…"
Remise des échantillons d'ADN environnemental (ADNe) au Professeur David Mouillot (Directeur Scientifique / UMR Marbec - Université de Montpellier) en polo bleu avec, de gauche à droite : Yvan Griboval (Directeur des Expéditions OceanoScientific & Skipper du LOVE THE OCEAN), Léa Griboval (Responsable Vitesse & Profondeur), Pierre Friant (Second & Pilote du Vanguard-Suzuki), Léni Guillotin (Biologiste marin / Responsable Scientifique), Justine Camus (Coordinatrice de l'Expédition OceanoScientific / Responsable trajectoire GPS). Photo OceanoScientific
"J'ai travaillé longtemps sur des données issues de comptages visuels en plongée, par caméra ou en recueillant des données de pêche. Nous obtenions entre dix et quinze espèces par échantillon sur le littoral méditerranéen. Désormais, avec l’ADNe, nous avons accès aux espèces de petites tailles, les gobies, les espèces crypto-benthiques et aux espèces furtives, rares, comme le requin ange, soit plus de 30 espèces par échantillon. En fait, pour la première fois, on peut établir des cartographies quasiment complètes de la biodiversité en poissons et crustacés sur un site donné. C’est vraiment unique, à la fois au niveau de la gamme des espèces que l’on va détecter et au niveau du maillage spatial, car nous échantillonnons une Station tous les 10 kilomètres de littoral [5,4 milles nautiques]. Nous disposons donc désormais d'une vision quasiment exhaustive de la biodiversité en Méditerranée française, qui sera complétée par l’inférence de modèles."
"J'ai évoqué uniquement la présence d’espèces. Nous arrivons à avoir des occurrences, on récupère un brin d’ADN d’une espèce, on considère qu’elle est présente... Le prochain challenge, c’est d'obtenir des estimations d’abondance ou de densité d'une espèce sur un lieu donné. Combien d’individus sont sur un Site Sentinelle, quelles sont leur taille, leur genre, leur stade de maturité. Ça c’est un tout autre challenge qui va demander à filtrer des fragments d’ADNe bien plus longs que ceux qui nous renseignent sur l’individu. Nous y travaillons ardemment avec le Centre d’Écologie Fonctionnelle & Évolutive - UMR CEFE basé à Montpellier."
Il est à noter que le CEFE, créé en 1961 sous la dénomination de Centre d'Études Phytosociologiques et Écologiques - CEPE, avant de prendre le nom de Centre d'Écologie Fonctionnelle & Évolutive en 1987, est devenu une Unité Mixte de Recherche (UMR) en 2003 avec quatre tutelles : le Centre National de la Recherche Scientifique - CNRS, l'École Pratique des Hautes Études - EPHE, l'Institut de Recherche pour le Développement - IRD et l'Université de Montpellier. Dirigé depuis 2019 par Marie-Laure Navas, l'UMR CEFE vise à comprendre la dynamique, le fonctionnement et l’évolution du vivant de "la bactérie à l’éléphant" et "du génome à la planète". Il s’appuie sur trois ambitions : Comprendre le monde vivant pour anticiper ce que sera demain ; Conduire à des innovations et répondre aux attentes de la société ; Pratiquer une science "rassembleuse" et diverse dans ses approches disciplinaires. C'est par conséquent un acteur essentiel de l'étude de la biodiversité marine par l'ADNe.
Le Professeur David Mouillot (UMR Marbec - Université de Montpellier), interviewé à bord du Lagoon 570 LOVE THE OCEAN
le 19 juillet 2023, est un spécialiste de l'ADNe des poissons et crustacés, utilisé pour déterminer avec exhaustivité la biodiversité marine d'un site. Photo OceanoScientific
David Mouillot reprend : "Au-delà de l’abondance, cela permettra des avancées majeures en termes de génétique et de connectivité des populations. Tous ces éléments sont cruciaux pour la gestion des stocks. Bien sûr, pour l’instant, nous avons plus une vision orientée sur la conservation et la biogéographie. Mais la nouvelle génération des études d'ADN environnemental contribuera à une meilleure connaissance des ressources halieutiques, donc à une possible meilleure gestion de la pêche. Ce sera vrai, à la fois dans la délimitation des réserves, dans l’identification de nouveaux stocks à des profondeurs jusqu’alors méconnues ou sous-exploitées. Nous pourrions même envisager, pourquoi pas, d'établir des notions de connectivité à large échelle entre les différents stocks de poissons. Nous espérons vraiment disposer à court ou moyen terme d'un outil d’aide à la décision très pertinent. Ce sera une plus-value essentielle à la préservation de la biodiversité marine."
"Je tiens à préciser que la Méditerranée, que j'aime de plus en plus, n'est pas la mer terriblement polluée avec plus de plastique que de poissons que certains décrient. Plus on l'étudie et plus on découvre des trésors cachés. Je fais partie des optimistes, de ceux qui pensent que dans vingt ans on va laisser aux générations futures une mer plus propre, plus poissonneuse et à la biodiversité plus diversifiée qu'aujourd'hui, notamment grâce aux efforts de protection mis en place par les pouvoirs publics comme par les associations locales et, surtout, grâce à une meilleure gestion de la pêche, de l'exploitation raisonnée de la ressource. C'est pourquoi je crois plus que jamais à une Science mise concrètement au service de l'Humanité…"
Pour réaliser les Expéditions OceanoScientific ADNe Méditerranée, le pneumatique Vanguard-Suzuki a été équipé d'un matériel conçu par Yvan Griboval pour garantir une qualité de prélèvement identique en toutes conditions, pour une meilleure exploitation des échantillons collectés. Photo OceanoScientific
Mercredi 17 avril 2024
Les éponges au service de l'Humanité
Nous avons évoqué dans notre newsletter du 10 avril l'immense patrimoine corallien français de 58.000 kilomètres carrés, disséminé dans la bande tropicale des trois océans : Pacifique, Indien et Atlantique, sans oublier la Mer Méditerranée et la Mer des Caraïbes. Nous avons également mis en évidence que cette fantastique richesse nationale n'est pas exploitée comme elle devrait l'être logiquement, notamment au profit de la jeunesse française et des entrepreneurs de notre territoire. Nous avons aussi démontré qu'aujourd'hui ces ressources biologiques sont exploitées par des industriels étrangers (Blasiak et al., 2018), sans que les sites d'origine des organismes marins qui génèrent les molécules d'intérêt à usage de la Santé, du Bien-être et des Services à l'Environnement ne bénéficient du moindre euro réalisé par ces exploitants sous pavillons étrangers. Nous sommes à l'initiative du Projet Ressources FRAnçaises CORalliennes - REFRACOR 2030, fruit de plus de trois années de travail. Nous proposons une démarche simple et efficace de SOUVERAINETÉ NATIONALE qui conjugue : exploitation vertueuse, préservation de la biodiversité et réel partage des avantages. Tout ce que le Protocole de Nagoya est censé mettre en œuvre, sans aucun succès. Pour le moins pas en France. Explication à suivre…
Grâce à la génétique, sans tuer ni blesser les éponges, apparues sur la Planète il y aurait 650 millions, voire 750 millions d'années, il va être possible d'en extraire les précieuses molécules d'intérêt au service de l'Humanité : Santé, Bien-être, Services à l'Environnement. Photo Thierry Pérez, Directeur de Recherches CNRS IMBE - Station Marine d’Endoume (Marseille)
Concepteur du projet REFRACOR 2030, Yvan Griboval explique : "Lorsque je suis revenu de l'Expédition OceanoScientific Tour du Monde 2026-2017, qui fut la première campagne de collecte de données scientifiques à l'interface Air-Mer - à la voile et en solitaire de surcroît - dans le Courant Circumpolaire Antarctique sous les trois grands cap continentaux et que je partageais mon expérience au gré de conférences ou devant des élèves du primaire (CM1-CM2), j'ai pris conscience qu'évoquer les données collectées qui n'avaient aucune valeur marchande ne mobilisait absolument pas mes auditeurs. Cela ne les incitait pas à préserver l'Océan. Je passais donc complètement à côté de la cible. Simplement parce qu'en général ce qui n'a pas de valeur : marchande, affective, personnelle…, ne justifie pas d'être respecté, préservé. Puisque cela ne vaut rien. Pourquoi diable étais-je allé si loin au péril de ma vie collecter ces données physico-chimiques, bien que de qualité, pour lesquelles seul un groupe restreint de scientifiques avait un intérêt. Un faible intérêt puisque n'engageant aucun euro pour se les procurer…"
"Alors, je me suis documenté pour savoir ce qui pourrait avoir de la valeur dans l'Océan au point de générer un intérêt assez fort du plus large public pour qu'il ait envie de le protéger. Car ma démarche était et demeure de mobiliser les Terriens à préserver la Mer et sa biodiversité. Sans aller bien loin, la littérature scientifique étant abondante, je me suis documenté au sujet des récifs coralliens. Pas de doute, les organismes qui y sont nichés recèlent des ressources quasiment infinies pour des usages au profit de l'Humanité. Tous les scientifiques consultés, dont, en priorité, Denis Allemand, Directeur Scientifique du Centre Scientifique de Monaco, réputé pour y étudier et élever des coraux depuis la fin des années 80, ont confirmé le bien-fondé de ce choix."
"Encore fallait-il se décider à se concentrer sur un organisme marin en particulier, tellement la richesse de la biodiversité de ces sites coralliens est immense. Les scientifiques s'accordent à estimer qu'ils accumulent environ 25% des organismes marins de l'Océan qui représente lui-même 71% de la Planète. Premier réflexe : s'intéresser au corail. Jusqu'au moment où une conversation à Brest en marge du One Ocean Summit, le 10 février 2022, avec l'éminent biologiste Gilles Bœuf - avec qui je m'étais entretenu pour la première fois à son bureau lorsqu'il était Président du Muséum National d'Histoire Naturelle - m'orienta définitivement vers les spongiaires (éponges) : "Des animaux extraordinaires qui méritent de s'y intéresser car ils peuvent apporter beaucoup aux êtres humains", selon Gilles. Ensuite, la rencontre avec Thierry Pérez, Directeur de Recherches CNRS IMBE au sein de la Station Marine d’Endoume (Marseille) et sûrement le plus grand spongiologue français en activité à ce jour, disciple lui-même de Jean Vacelet, me convainquit de concentrer les efforts des Expéditions OceanoScientific Porifera et du Projet REFRACOR 2030 sur le thème des éponges."
"Mais en creusant le sujet, j'ai découvert que pour extraire les précieuses molécules, ces principes actifs à usage de la santé des êtres humains, il était nécessaire de disposer d'immenses quantités d'organismes vivants. J'en veux pour preuve la découverte en 1969 par le Professeur Kenneth L. Rinehart (1929-2005) de l'Université de l'Illinois (États-Unis) selon laquelle un extrait d'une ascidie (Ecteinascidia tubinata) de la Mer des Caraïbes recélait des molécules actives anticancéreuses (Ecteinascidin 743). Cette molécule a été purifiée en 1984 au sein de l'Université de l'Illinois. Mais son possible usage à des fins d'anticancéreux n'a été publié qu'en 1996 par le Professeur Elias James Corey, chimiste au sein de l'Université de Harvard (États-Unis) et Prix Nobel de Chimie 1990. Le brevet d'usage de cette molécule, commercialisée aujourd'hui par l'entreprise espagnole PharmaMar, a été déposé par Harvard. Mais revenons à l'essentiel : il a été nécessaire de tuer une tonne d'ascidies pour obtenir un gramme de principe actif. Or, il faut au moins cinq grammes pour un essai clinique !"
"Bref, je découvrais avec stupeur que mettre en évidence la richesse moléculaire des organismes marins des récifs coralliens ne pouvait qu'encourager le pillage et la destruction des précieux récifs, l'appauvrissement de leur fantastique biodiversité. Tout l'opposé de ma démarche initiale !"
"Que de nuits blanches à ressasser ce paradoxe… Jusqu'à la rencontre avec le Professeur Christian Siatka, Généticien devenu depuis vice-Président de l'association OceanoScientific et Directeur Scientifique des Expéditions OceanoScientific Porifera. "Si je te prends un cheveu, un morceau d'ongle, je ne te fais pas mal et j'obtiens ton ADN", m'expliqua-t-il fort simplement. "Et si tu fais de même avec de minuscules morceaux d'éponges, tu obtiendras leur ADN. Il sera possible d'y rechercher des molécules d'intérêt par des travaux de bio-informatique sans avoir besoin, ni de tuer, ni de blesser la moindre éponge et encore moins de retourner la déranger sur son récif".
"Dans ces conditions, il devenait possible de valoriser le patrimoine récifal français en s'intéressant aux éponges, réputées pour leurs propriétés exceptionnelles. Il s'avérait surtout possible également de préserver les précieuses données génétiques d'organismes marins menacés par la Sixième Extinction, elle-même en phase d'accélération du fait du dérèglement climatique. Voici donc comment se bâtirent les fondamentaux du Projet REFRACOR 2030."
Les récifs coralliens français sont aujourd'hui un spectacle naturel (magique !) pour les touristes et le terrain
d'exploration de la recherche scientifique fondamentale. Ils sont aussi une réserve infinie de molécules d'intérêt
à usage des êtres humains. Un patrimoine national à préserver. Photo Thierry Pérez, Directeur de Recherches
CNRS IMBE - Station Marine d’Endoume (Marseille)
Nous avons déterminé trois grands objectifs au Projet REFRACOR 2030 :
Premier objectif : Préserver le fantastique patrimoine des REssources FRAnçaises CORalliennes de : Méditerranée - Océan Atlantique / Mer des Caraïbes - Océan Indien - Océan Pacifique et d'en permettre l'usage vertueux grâce à un traitement génétique (numérique) qui ne tue ni ne blesse les organismes marins.
Deuxième objectif : Garantir au territoire d'origine des échantillons prélevés un profit significatif généré par l'exploitation des droits de la Propriété Industrielle - incluant le dépôt de brevets pour une protection renforcée - relative à l'usage de molécules d'intérêt issues d'organismes marins. Pour cela il est nécessaire d'établir une parfaite traçabilité des échantillons, puis des données numériques qui en sont issues. La blockchain nous le permet.
Troisième objectif : Permettre la création de nouveaux métiers de l'Économie Bleue par le traitement génétique (numérique) des ressources françaises coralliennes au profit des lycéens et des jeunes étudiants jusqu'à BAC + 3, prioritairement à ceux originaires des sites de prélèvement des échantillons d'organismes marins. Par exemple, former prioritairement les jeunes Guadeloupéennes et Guadeloupéens à la génétique appliquée aux organismes marins du Parc national de la Guadeloupe en collaboration avec les filières pédagogiques locales. L'Intelligence Artificielle (IA) aidera à établir un pont entre le travail des étudiants, d'une part et l'univers français des start-ups et celui des industries concernées, d'autre part.
À moyen terme, l'objectif est de mettre au point le texte d'un cadre réglementaire applicable à TOUTES les ressources françaises coralliennes et de le présenter à la communauté internationale en guise de document fondateur d'une future réglementation internationale pour renforcer le Protocole de Nagoya, afin de préserver aussi bien le vivant que les données génétiques (numériques) qui en sont issues. Une innovation majeure !
À plus long terme, l'objectif est de participer ainsi au financement de la mise en œuvre d'Aires Marines Protégées et de Réserves Naturelles Nationales en compensant la diminution des recettes d'exploitation touristique des récifs coralliens - qui menace leur biodiversité - par des profits financiers garantis par l'exploitation des droits de la Propriété Industrielle relative à l'usage de molécules d'intérêt issues des organismes marins des sites concernés.
FINALITÉ DU PROJET REFRACOR 2030
En résumé, la finalité du projet de souveraineté nationale REFRACOR 2030 est de : Protéger efficacement et valoriser vertueusement le patrimoine des fantastiques ressources sous-marines françaises ; Créer des filières d'excellence pour les jeunes en collaboration durable avec nos Outre-mer ; Développer l'Économie Bleue de la Santé, du Bien-être et des Services à l'Environnement conformément à l'Objectif 7 de France 2030 : "Produire en France au minimum 20 biomédicaments, en particulier contre les cancers, les maladies rares, les maladies chroniques, dont celles liées à l'âge".
Désormais, nous réalisons la phase-test du Projet REFRACOR 2030 au gré de la mise en œuvre des Expéditions OceanoScientific Récifs Coralliens, à la voile en autonomie totale sans émission de CO2 avec notre Lagoon 570 LOVE THE OCEAN, intégralement équipé en plateforme de recherche océanographique, grâce au soutien de nos partenaires et mécènes, mais également d'industriels qui mesurent l'intérêt d'une exploitation vertueuse des ressources coralliennes pour en préserver la biodiversité. Une démarche dans l'intérêt des populations des sites coralliens concernés, car ce seront les premiers gardiens du trésor national !
Parallèlement, nous proposons au gouvernement français une ébauche de convention de préservation de notre patrimoine récifal national. Nous espérons qu'elle sera reprise par l'ensemble des pays réunis au sein des Nations Unies. Cela tombe bien : leurs représentants seront à Nice du 5 au 15 juin 2025 à l'invitation du Président de la République Emmanuel Macron dans le cadre de la troisième Conférence pour l'Océan - UNOC Nice 25…
Mercredi 10 avril 2024
Au pays où le soleil ne se couche jamais…
La France est présente dans la bande tropicale des trois océans : Pacifique, Indien et Atlantique. Sans oublier la Mer Méditerranée et la Mer des Caraïbes. Il est donc légitime de déclarer que le soleil ne se couche jamais sur notre pays. Il est doté du deuxième espace maritime au Monde (Zone Économique Exclusive - ZEE) avec 11.035.000 km² derrière les États-Unis (11.351.000 km²) et largement devant les Australiens (8.505.348 km²). La France dispose surtout du plus grand domaine sous-maritime au Monde (11.614.000 km²), soit un patrimoine inestimé …et inestimable. Surtout, un patrimoine inexploité ! Ou, pour le moins, dont les ressources biologiques sont exploitées par des industriels étrangers. Explication ci-après…
Cette carte de la France et de ses départements et régions d'outre-mer ainsi que de ses collectivités d'outre-mer
- DROM-COM précédemment dénommés DOM-TOM - met en évidence que le soleil brille toujours quelque part
sur son territoire. Il est donc juste d'affirmer que "la France est le pays où le soleil ne se couche jamais".
Carte Superbenjamin d'après BlankMap World
Selon le Ministère de la transition écologique et de de la cohésion des territoires en 2021 : "La France compte 58.000 km2 de récifs coralliens et leurs lagons, soit près de 10% des récifs mondiaux derrière l'Australie, l'Indonésie et les Philippines".
Or, de ces quatre pays, c'est probablement la France qui dispose de la plus grande puissance de recherche scientifique au service de l'étude des récifs coralliens et de leur biodiversité sous toutes ses formes. Un leadership en la matière acquis grâce au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), au Muséum National d'Histoire Naturelle (MNHN), à l'Institut Français de Recherche pour le Développement (IRD) et à l'Institut Français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer (Ifremer), pour ne citer que les quatre instituts emblématiques qui font la fierté de notre pays. Il faut y adjoindre les nombreuses Unités Mixtes de Recherche (UMR) adossées à des facultés dotées de professeurs internationalement réputés par la qualité de leurs travaux.
C'est ainsi que les Français publient de nombreuses études scientifiques de grande valeur. Des trésors qui tombent dans le domaine public dès leur parution. Ou comment dilapider le patrimoine récifal français au profit des grands pôles industriels étrangers. Une étude de l'Université de Stockholm l'a mis en évidence en juin 2018, au gré d'un travail réalisé par cinq chercheurs dont le Français Jean-Baptiste Jouffray : Corporate control and global governance of marine genetic resources - 06 June 2018 - Robert Blasiak, Jean-Baptiste Jouffray, Colette C. C. Wabnitz, Emma Sundstrom, Henrik Österblom.
Selon cette étude, les Big Six de la chimie : BASF, Bayer, Dow Chemical, DuPont, Monsanto et Syngenta détenaient à la fin de l'année 2017 un total de 84% des brevets relatifs aux ressources génétiques issues d'organismes marins. À elle seule, la société allemande BASF, leader mondial de la chimie, en détenait 47%, dont un bon nombre relatif à des organismes coralliens. Pourtant, l'Allemagne ne dispose d'aucun récif corallien tropical. À moins que cela ne nous ait échappé… Mais l'Allemagne, comme une majorité de nations, bénéficie également du sacro-saint partage gratuit des données entre instituts scientifiques. Dont, évidemment, les résultats de la performante recherche fondamentale française effectuée sur des organismes prélevés dans notre patrimoine corallien !
Ainsi, les industriels étrangers accèdent aux fantastiques ressources récifales patrimoniales de la France sans bourse délier, sans contribuer à la formation scolaire et universitaire française, sans favoriser le développement de startups de biotech, sans financer la healthtech tricolore. Leurs produits manufacturés issus des ressources récifales tricolores peuvent donc menacer notre souveraineté industrielle dans des secteurs à forte valeur ajoutée, sans enfreindre aucune loi, sans risquer une seule sanction. Avouez qu'ils auraient tort de se priver, ne les en blâmons pas.
Car aucune règlementation internationale, ni même française, n'existe à ce jour pour protéger efficacement les ressources génétiques (données numériques) d'organismes vivants, terrestres ou marins.
Observez bien ces superbes organismes marins photographiés sur les récifs coralliens du Parc national de la Guadeloupe. Au-delà de leurs couleurs exceptionnelles, ils recèlent probablement des molécules d'intérêt à usage de la Santé. Photo Claude Lefebvre avec l'aimable autorisation du Parc national de la Guadeloupe
D'aucuns et ils sont nombreux, argueront que le Protocole de Nagoya - adopté en 2010 et entré en vigueur en France le 12 octobre 2014 - protège le Vivant et qu'il prévoit le "partage des avantages" potentiellement acquis. C'était probablement le vœu pieux qui animait ses créateurs. Il n'en est rien.
Force est de constater que ce texte, contraignant administrativement, ne protège pas les données génétiques (données numériques issues du Vivant) pour de multiples raisons. Ce sont presque exclusivement des chercheurs et chercheuses d'instituts d'État qui collectent le vivant à destination d'études scientifiques fondamentales. Mais ce sont des sociétés privées sans lien avec eux qui en font un usage commercial plusieurs années ou dizaines d'années plus tard, grâce aux publications scientifiques tombées dans le domaine public. Or, les premiers ne sont liés d'aucune manière aux industriels qui interviennent en bout de chaîne. Car aucune traçabilité n'est établie entre l'échantillon issu du récif corallien (français) et la molécule d'intérêt qui en est issue à des fins d'exploitation commerciale.
En effet, les autorisations de collecte d'échantillons du vivant n'imposent pas d'engagement formel de restitution d'une part des avantages acquis tant que l'usage commercial n'est pas précisément identifié. Dans le meilleur des cas, cet usage commercial ne peut parfois être confirmé qu'environ dix à quinze ans après la collecte de l'échantillon de vivant : Cinq à sept ans d'études fondamentales et de publication ; au moins cinq ans, si ce ne sont dix de plus, de recherche appliquée ; puis trois ans de démarches pour une mise sur le marché. Nous avons donc l'habitude de comparer ce Protocole de Nagoya à une raquette de tennis sans cordage. Ce n'est pas l'idéal pour jouer à armes égales avec nos homologues industriels…
Les brevets déposés ne concernent pas les données génétiques elles-mêmes, car le Vivant est inaliénable. Il appartient indéfiniment à la Nature. Seul son usage est brevetable. Or, il suffit à un industriel disposant, comme les géants de la Chimie, d'un pool de juristes spécialisés dans la protection de la propriété industrielle, pour breveter une fonctionnalité simple de la molécule en question, dans le but que personne d'autre n'en étudie d'autres propriétés. C'est une habile manière de "verrouiller" la molécule à son profit, sans pour autant enfreindre quelque loi que ce soit. Dissuasif !
Jusqu'à maintenant le travail de recherche relatif à des molécules d'intérêt issues d'organismes marins, dont l'étude approfondie de son innocuité et de sa capacité à soigner telle ou telle maladie, était long et fastidieux. Extrêmement coûteux, surtout ! Désormais, l'apport de l'Intelligence Artificielle (IA) ouvre des horizons qui semblaient inatteignables il y a encore deux ou trois ans. De ce fait, l'extraordinaire, le fantastique, l'inestimable patrimoine récifal français s'avère une source de richesse insoupçonnée, le vecteur de développement de métiers émergents de l'Économie Bleue. Sous réserve de ne pas s'endormir dans l'illusion soporifique de l'application du Protocole de Nagoya, qui est à la jeunesse et à l'économie française un rempart aussi "efficace" que le furent les 108 ouvrages et les 750 kilomètres de la Ligne Maginot au printemps 1940.
Heureusement, nous avons une solution efficace à proposer pour que la France exploite vertueusement ses innombrables richesses coralliennes, en veillant à ce que chaque territoire d'origine des échantillons d'organismes marins étudiés soit assuré contractuellement de profiter effectivement des avantages acquis, même très longtemps après que les échantillons aient été collectés. Pas seulement des chimères du Protocole de Nagoya ! Pour cela, nous mettons en œuvre une protection inviolable des connaissances accumulées au profit de la France, des jeunes Françaises et Français, car c'est bien de leur Avenir dont il est question. C'est le Projet Ressources FRAnçaises CORalliennes - REFRACOR 2030. À découvrir mercredi 17 avril dans la Newsletter hebdomadaire titrée : Les éponges au service de l'Humanité…
L'îlet Fajou - ou îlet à Fajou - est une petite île inhabitée au cœur du Grand Cul-de-sac marin dans le Parc national
de la Guadeloupe. Cernée par les récifs coralliens, elle est presque entièrement couverte de mangrove et n'émerge
que de quelques mètres. Photo Céline Lesponne avec l'aimable autorisation du Parc national de la Guadeloupe
Mercredi 3 avril 2024
Kerkennah, sentinelle de Méditerranée
À la mi-avril, le catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN mettra le cap sur la Tunisie et plus particulièrement sur l'archipel des îles Kerkennah, situé face au port de Sfax au nord du Golfe de Gabès, pour y mener l'Expédition OceanoScientific Porifera Tunisie 2024, avant de se rendre à Bizerte pour réaliser des actions communes avec la fondation La Saison Bleue, présidée par Rym Benzina Bourguiba, par ailleurs Marraine du LOVE THE OCEAN. Kerkennah, site historique du commerce des éponges, est également le témoin des conséquences du dérèglement climatique qui frappe la Méditerranée. C'est une sentinelle de l'évolution de la biodiversité, comme de l'élévation du niveau de la mer qui impacte la qualité des terres arables et, par conséquent, les ressources terrestres, sources d'alimentation des populations littorales.
Cette image de spongiaires représente ce qu'on aimerait découvrir lors de l'Expédition OceanoScientific
Porifera Tunisie 2024 durant la seconde quinzaine du mois d'avril. Mais il se pourrait que la réalité des fonds
marins de Kerkennah soit toute autre… Photo Zerazi.com
Comme Soumaya Hmila l'a rappelé sur le site Blue Tunisia sous le titre : "Trésors engloutis de Kerkennah : Le déclin des éponges marines" : "Les éponges marines, familièrement appelées "Nchef" dans la région de Sfax, incarnent l’essence même de l’identité tunisienne. La Tunisie figurait en effet parmi les pionniers mondiaux de l’exportation de ce produit. Kerkennah se distinguait comme l’un des principaux producteurs à l’échelle nationale. Cependant, ce joyau maritime, autrefois si abondant, a quasiment disparu aujourd’hui pour des raisons multiples. La pollution, la surexploitation, la pêche illicite et les ravages du changement climatique ont conjointement épuisé les stocks d’éponges à Kerkennah, témoignant ainsi de la fragilité de cet héritage marin qui fut autrefois une fierté nationale".
"En dépit de leur simplicité structurelle, ces organismes jouent un rôle crucial dans l’équilibre des écosystèmes marins. Agissant comme des filtres, les éponges peuvent purifier l’équivalent de leur propre volume d’eau en quelques secondes, contribuant ainsi à l’épuration de leur environnement aquatique en retenant les particules organiques fines".
"Faisant partie intégrante de l'héritage Tunisien depuis l'An 202 de notre ère, la commercialisation des éponges a sculpté des pans entiers de l’histoire de la Tunisie, générant emplois et prospérité au sein des communautés de pêcheurs".
Ce que Mohamed Hamdane confirme sur le site Culture & Patrimoine de Tunisie : "Les éponges étaient ramassées selon la nationalité des pêcheurs : soit au scaphandre pour les Grecs dont c'était la spécialité ; soit au trident pour les Tunisiens et les Italiens (Siciliens) ; soit avec un système de filet traîné sur les fonds et nommé "Gangave". La pêche étant malgré tout intensive, les fonds à éponges marquèrent dès la fin du XIXe Siècle et au début du XXe Siècle des signes d'appauvrissement. Pour tenter de trouver des solutions à ce problème, plusieurs chercheurs publièrent des études, dont la plus remarquée fut celle de Jean Servonnet et Fernand Lafitte en 1888". Rien n'y fit : la surpêche des éponges tunisiennes ne cessa de s'intensifier…
"Néanmoins, à Sfax, négociants et pêcheurs s'inquiétaient de cette situation. Ainsi, en 1903, le gouvernement tunisien décida d'installer au large du port de Sfax un petit laboratoire sur pilotis qui avait pour mission d'analyser les conditions de reproduction et de croissance des éponges. Il fut dirigé pendant trois années par Raphaël Dubois (1849-1929), pharmacien, médecin et professeur à la Faculté des Sciences de Lyon, lui-même assisté sur site par Antoine Allemand, dit Allemand-Martin (1876-1948)". Comme le Professeur Karim Ben Mustapha (Institut National des Sciences et Technologies de la Mer - INSTM) nous le rappelle : "Ce laboratoire de biologie marine in situ en Tunisie en 1903 fut le premier en Afrique et dans le monde arabe pour l'étude des spongiaires et de la spongiculture".
À environ un mille nautique du port de Sfax (Tunisie), le laboratoire sur pilotis des professeurs Raphaël Dubois et Antoine Allemand a probablement été, en 1903, le premier en Afrique et dans le monde arabe pour l'étude des spongiaires et de la spongiculture. Photo d'archives Antoine Allemand transmise par Karim Ben Mustapha (INSTM)
Paul Gourret (1859-1903), qui fût en 1893 Directeur-adjoint de la Station Biologique d'Endoume (Marseille) - dont sont issus également les célèbres spongiologues français Jean Vacelet et Thierry Pérez - a d'ailleurs travaillé aux côtés du Professeur Allemand-Martin, qui disait de ce laboratoire unique en son genre : "Ce n'est pas un laboratoire ouvert aux personnes qui se proposent d'étudier les diverses branches de la biologie marine et encore moins un laboratoire pédagogique ou d'enseignement biologique. Il est situé à 1 500 mètres au large du port de Sfax. Cet emplacement a été choisi pour avoir toujours des eaux vives, exemptes des souillures du littoral. C'est une maisonnette en bois construite sur pilotis d'une surface de neuf mètres par cinq, émergeant de la mer comme un îlot. Son gardien est un kerkennien. C'est un des meilleurs plongeurs à nu de la contrée et il s'entend à merveille pour soigner les cultures sous l'eau et les surveiller".
"En 1906, Antoine Allemand-Martin publiait d'ailleurs les résultats de son travail qui permettaient enfin de mieux connaître la vie des éponges, mais aussi leur mode de culture. Sa recommandation étant, une fois de plus déjà à cette époque, de protéger les herbiers de posidonie et les hauts-fonds, en particulier du Golfe de Gabès, au Nord duquel se situe l'archipel des îles Kerkennah".
Si les Tunisiens exploitèrent leurs propres éponges, il ne faut pas sous-estimer l'impact des pêcheurs grecs et, surtout, siciliens sur la ressource des spongiaires des récifs coralliens de Tunisie. Comme souvent, le pillage du patrimoine maritime de la rive Sud de la Méditerranée par la rive Nord fit la richesse des Nordistes.
Alfonso Campisi le rappelait dans les colonnes du magazine La Presse en février 2021 en se référant à l'histoire de l'exploitation des éponges : "Difficile d’établir avec certitude quand a débuté l’aventure du commerce des éponges en Méditerranée. Une chose est sûre, leur usage remonte à plus de 2 700 ans. Le poète Homère (VIIIe Siècle avant J.-C)décrivait d'ailleurs Pénélope utilisant les éponges pour laver ses plats. Et la légende évoque Héphaïstos, dieu grec du feu et maître des arts de la forge et du travail des métaux, s’en servant pour nettoyer ses glorieuses créations. Au milieu du XXe Siècle, après la Seconde Guerre Mondiale, les villes de Trapani en Sicile et de Sfax en Tunisie, ont été liées par une activité économique importante fondée sur la pêche au corail et aux éponges".
"La période de pêche à l’éponge, ou "sponsi" en sicilien, s’effectuait entre février et novembre. Jusqu’en 1956-1957, une flotte de plus de soixante petites embarcations a été utilisée pour la pêche à l’éponge. Une expédition depuis les côtes siciliennes pouvait durer trois mois. La navigation de Trapani à la côte africaine durait un peu plus d’une journée. Les pêcheurs d’éponges, qui composaient l’équipage, appartenaient presque toujours à une même famille. La pêche commençait toujours par le rite de la prière. Les pêcheurs invoquaient Dieu et tous les saints protecteurs avant même de sortir du port !"
"La présence à Sfax et dans le Golfe de Gabès des pêcheurs de Trapani a également été attestée en 1869 dans l’Annuaire scientifique et industriel, qui décrivait la pêche aux coraux et aux éponges sur la côte tunisienne comme une "pêche italienne" (!) qui employait environ 7 000 marins siciliens et tunisiens pendant la saison estivale".
"Il était difficile de ramasser des éponges en apnée, sachant que les plus belles étaient aussi les plus profondes. Les récits oraux, transmis d'une génération à l'autre, prêtent aux premiers plongeurs pêcheurs d'éponges des capacités hors du commun. Selon les textes anciens, ils descendaient nus à près de soixante mètres de profondeur pendant plus de cinq minutes pour collecter les précieuses créatures. Ceux qui ont réussi cet exploit sont devenus de véritables héros. Au retour dans leur village d'origine, ils se vantaient de leurs exploits et du fait qu'ils aient survécu aux terribles tempêtes, aux vagues et aux dures conditions de vie à bord".
La Société Tunisienne d’Exportation des Produits Maritimes et Agricoles (STEPMA Éponges) est spécialisée
dans le traitement et l’exportation des éponges naturelles de la Mer Méditerranée depuis sa fondation en 1963,
suite à la reprise de la société Colettis Frères crée en 1946. Le tri des éponges, ici au début des années 60,
était une phase importante de leur exploitation. Photo d'archives STEPMA Éponges
Si la ressource des spongiaires a fortement diminué tout au long du XXe Siècle et plus particulièrement à partir des années soixante, bon nombre d'actions sont engagées pour que les éponges renaissent sur les récifs du Golfe de Gabès.
Cependant, une autre menace pèse sur Kerkennah, comme Lucile Étienne (Université Paris Diderot) l'a exposé dès 2014 dans sa thèse : "Accentuation récente de la vulnérabilité liée à la mobilité du trait de côte et à la salinisation des sols de l'archipel de Kerkennah".
Lucile Étienne explique ainsi que "l’archipel de Kerkennah est constitué de petites îles et d’îlots dont l’altitude maximale est de seulement treize mètres. La transition entre la terre et la mer est le plus souvent très douce. Cela implique que de vastes espaces sont impactés par une salinité élevée. Les espaces les plus bas, où la nappe est parfois affleurante, sont composés de "sebkhas" qui sont des terres salées et spécifiques des milieux semi‑arides. À Kerkennah, ces sebkhas représentent 45% de la surface des îles. Elles sont dites littorales, car elles sont reliées à la mer par un exutoire. Les échanges d’eau entre terre et mer sont donc normaux et les sebkhas peuvent être inondées durant la période hivernale, puis sèches pendant l’été". La thèse de Lucile Étienne a donc porté sur : "La salinité des sols agricoles près du littoral et les problématiques qui y sont associées".
"Ces questions sont particulièrement importantes" souligne-t-elle, "en raison de trois facteurs qui touchent l’archipel : l’élévation du niveau de la mer ; l’évolution du climat vers l’aride ; l’évolution des pratiques culturales".
"Le Golfe de Gabès connait en effet une élévation du niveau de la mer particulièrement importante, au moins depuis les années 1950 (Saidani, 2007). Cela a pour conséquence le recul de la côte et donc la perte de terres potentiellement arables, mais aussi la salinisation de la nappe souterraine dont l’eau est utilisée pour l’irrigation".
"Le climat évolue vers l’aride depuis les années 1970, avec une élévation des températures et un allongement de la période estivale, ce qui entraine une évaporation et une évapotranspiration plus intenses. Il en résulte donc un stress hydrique plus important (Dahech, 2012)".
"L’évolution de ces facteurs naturels implique un stress sur la végétation, puisque les plantes ont besoin de plus d’eau et que l’eau disponible est de plus en plus salée. De surcroît, elle a conduit à l’extension parfois importante des sebkhas de l’archipel. Elles ont en effet gagné en moyenne 18% de leur surface initiale entre 1963 et 2010 (Étienne, 2014)".
"Associées aux sècheresses des années 1960 et 1980 (Hénia, in Arnould et Hotyat, 2003), les pratiques culturales ont évolué depuis les années 1960 avec la reconversion de parcelles de palmeraie en oliveraies, jusqu’à l’installation des périmètres irrigués et drainés des sites de Melitta et de Ramla en 1995. Or, l’eau utilisée pour l’irrigation est issue de deux puits profonds d’eau saumâtre. Cette eau saumâtre est utilisée dans les périmètres drainés, mais est aussi revendue illégalement en dehors de ces derniers. Cette situation a des conséquences non négligeables sur la qualité des sols. Les sècheresses fréquentes et l’installation des périmètres drainés ont malheureusement conduit au progressif abandon des pratiques agricoles anciennes".
"L’extension spatiale de la salinité est associée au phénomène naturel de l'extension spatiale des sebkhas. Mais celui-ci est décuplé par des causes anthropiques : de l'abandon des pratiques anciennes qui garantissaient un équilibre naturel, à la mauvaise gestion des eaux d’irrigation".
Plus que jamais, cette situation, conséquence de l'impact de l'Homme sur la Nature, est inquiétante, mais pas irréversible. Les efforts conjugués des scientifiques, notamment ceux de l'Institut National des Sciences et Technologies de la Mer - INSTM et des associations de protection de l'environnement marin, à l'image de La Saison Bleue, réussissent à mobiliser les pouvoirs publics sans lesquels, en Tunisie comme en France, aucune politique durable de régénération des zones naturelles sensibles ne serait possible.
Mercredi 27 mars 2024
Expédition OceanoScientific Porifera Tunisie 2024
À la mi-avril, le catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN, basé au Ponton K du Pôle Nautisme Mer & Développement (Nautismed) de Port Saint Louis du Rhône, mettra le cap sur le Sud-Est du bassin méditerranéen occidental pour une courte Expédition OceanoScientific Porifera Tunisie 2024 dans l'archipel des îles Kerkennah, au niveau de la ville côtière de Sfax, puis à Bizerte, avant de pointer ses étraves vers Marseille. Ce sera l'occasion de réaliser des actions communes avec la fondation La Saison Bleue, présidée par Rym Benzina Bourguiba, par ailleurs Marraine, avec Theresa Zabell (Espagne) du LOVE THE OCEAN. Le choix des Kerkennah - sanctuaire important de conservation des oiseaux - est dicté par le fait qu'elles sont réputées pour leur importance historique dans la production d'éponges commerciales. Rappelons que près de 150 espèces d'éponges ont été répertoriées en Tunisie, dont cinq à vocation commerciale. La pêche aux éponges sur ce site remonte a priori à l'An 202 de notre ère. La pêche se pratiquait à pied ou en apnée par des fonds souvent inférieurs à trois mètres. Mais la ressource a diminué drastiquement du fait de la surpêche, de la pollution et de l'élévation de la température de l'eau mer. Or, il est question de recréer les conditions adéquates pour que la ressource de spongiaires se développe à nouveau...
Cette navigation d'environ 1 300 milles nautiques (2 400 km) sera l'occasion de réaliser une phase de tests en navigation hauturière du boîtier OCEANO VOX, conçu et développé par Antoine Cousot dans le cadre du projet "Citizen into Science" supporté par la Fondation PURE OCEAN en collaboration avec l'Ifremer, à l'initiative de Lucie Cocquempot.
Trajet de l'Expédition OceanoScientific Porifera Tunisie 2024 au départ de Port Saint Louis du Rhône à destination de l'archipel des Kerkennah, puis de Bizerte (Tunisie), avec retour en France, à Marseille. Carte Boatbookings.com
La Saison Bleue, créée en 2018, se consacre : à la valorisation du littoral tunisien et de ses multiples activités et ressources ; à des actions de protection et de connaissance des côtes et des écosystèmes marins, ainsi qu’au soutien d'initiatives des collectivités littorales et des acteurs du Maritime. C'est aussi l'organisatrice du Forum Mondial de la Mer-Bizerte, présidé par Pascal Lamy. La Tunisie, c'est trois mille ans de civilisation maritime depuis que les Phéniciens y ont établi un de leurs nombreux comptoirs, mille ans environ avant J.-C. Près de huit millions de Tunisiens vivent sur un littoral de 1 300 kilomètres, ou de 2 300 kilomètres si on ajoute îles et lagunes.
Quelques informations au sujet des spongiaires, nommés plus familièrement : éponges, grâce au résumé des publications des chercheurs français Eva Ternon et Olivier P. Thomas tel qu'il a été réalisé sur le site Planet Vie.
Les éponges sont des animaux marins non mobiles qui vivent fixés sur le sédiment. Ce sont donc des animaux benthiques. Leur répartition couvre l’ensemble des mers et des océans de la Planète. Si elles sont particulièrement présentes et étudiées en milieu océanique tropical, elles se développent aussi dans les zones tempérées, depuis les faibles profondeurs jusqu’à plus de 2 000 mètres de fond. On en trouve également en eaux douces et saumâtres.
Les plus vieux fossiles d’éponges marines trouvés sont datés de plus de 760 millions d’années, indiquant que les éponges ont survécu aux grandes extinctions du Cambrien et du Crétacé, aux périodes de glaciation et aux autres variations climatiques majeures.
Comment des animaux aussi vulnérables en apparence ont-ils pu traverser les âges ? La réponse réside dans la chimie de ces organismes marins exceptionnels. Au cours de leur longue évolution, les éponges ont développé au sein de leurs tissus un arsenal de composés organiques, appelés "métabolites spécialisés", qui présentent une toxicité plus ou moins marquée. Nous savons maintenant que ces métabolites sont utilisés par l’éponge pour lutter contre les infections et/ou l’invasion de bactéries et de champignons dans leurs tissus.
Ce bouclier chimique permet également à l’éponge de signaler sa présence dans un but de sa propre protection. En effet, les éponges marines sont soumises à plusieurs dangers du fait de leur immobilité. Elles ne peuvent pas fuir les prédateurs ; ne peuvent pas stopper les organismes envahissants et elles doivent lutter pour maintenir et conquérir un espace vital.
Au cours de leur vie, les éponges encroûtantes - qui forment une sorte de pellicule sur le substrat sur lequel elles s'installent - tendent notamment à s’étaler sur le substrat sur lequel elles sont fixées. Elles dissuadent la fixation d’autres organismes sur ce même substrat en signalant leur présence à l’aide de leurs composés toxiques.
Les mécanismes derrière la biosynthèse de ces métabolites sont encore mal connus à ce jour. Toutefois, il semblerait que les bactéries symbiotes de l'éponge y participent activement. Ainsi, chaque espèce d’éponge développe une formidable "armoire à pharmacie" qui lui est propre. À ce jour, ce sont plus de 6 500 métabolites spécialisés qui ont été caractérisés parmi 8 000 espèces de spongiaires recensées.
Ces cinquante dernières années, cette "armoire à pharmacie" marine a été largement étudiée pour des applications humaines au profit de la santé. Cette science des produits naturels marins a conduit à la découverte de nombreuses molécules d'intérêt, originales et complexes, jusqu’alors jamais rencontrées dans la faune et la flore terrestres. La plupart de ces molécules bioactives sont testées contre des maladies humaines afin de déterminer leur efficacité potentielle en tant que médicament. Mais elles peuvent également être utilisées au profit du bien-être (Dermatologie - Cosmétologie - Nutrition) comme des services à l'environnement (Agriculture - Aquaculture - Dépollution).
Notons que trois composés issus d’éponges marines ont été approuvés par la Food and Drug Administration américaine. Ils sont commercialisés comme anticancéreux (cancer du sein et leucémie) et antiviral (herpes) aux États-Unis comme dans certains pays européens, dont la France. Une quinzaine d'autres molécules candidates issues des éponges font actuellement l’objet de tests cliniques. Et les scientifiques s'accordent à considérer que les molécules d'intérêt recelées par les éponges sont innombrables...
De dimensions réduites, facile à installer, le boitier OCEANO VOX est positionné en façade de la table à cartes
du Lagoon 570 LOVE THE OCEAN. Il communique avec la terre grâce à une constellation de nano satellites.
Sa vocation est d'équiper les bateaux de plaisance (voile & moteur) pour offrir un service innovant aux propriétaires comme aux compagnies d'assurances afin d'améliorer la sécurité en mer. Photo OceanoScientific
OCEANO VOX est une solution disruptive, imaginée par Antoine Cousot, d’acquisition de données en mer afin d’offrir à tous les plaisanciers la possibilité de s'impliquer dans l’amélioration de la sécurité en mer et pour une meilleure connaissance de l'Océan. Il s'agit de collecter automatiquement à bord des navires, dont les voiliers de plaisance, des données scientifiques essentielles pour parfaire les prévisions météorologiques en les transmettant automatiquement à terre grâce au réseau de nanosatellites Kinéis. Cet outil sera également utile aux compagnies d'assurances pour réduire les risques consécutifs aux phénomènes météorologiques extrêmes (cyclones) et exceptionnels.
Ce projet "Citizen into Science", coordonné par Lucie Cocquempot (Ifremer), a été lauréat de l'Appel à Projets 2023 de la fondation PURE OCEAN. Grâce à cela, un premier jeu de balises OCEANO VOX de la taille d’une grosse boite d'allumettes sera déployé en zone arctique pendant l’été 2024 au sein d’une flotte volontaire de voiliers de plaisance hauturière. Les données météo collectées seront mises à disposition de l’Ifremer, partenaire scientifique du projet.
Mercredi 20 mars 2024
Sensibiliser les plus jeunes en priorité
Depuis sa création, le 7 janvier 2011, l'association philanthropique d'intérêt général OceanoScientific priorise la sensibilisation des jeunes des classes de CM1-CM2 des écoles de ses sites de prédilection : de Monaco à Port Saint Louis du Rhône, base technique du catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN, actuellement amarré au Ponton K du Pôle Nautisme Mer & Développement (Nautismed). Ainsi, mardi 19 mars, c'était l'occasion pour Yvan Griboval, Président de OceanoScientific et Marin-Explorateur, Clara Bayol, Ingénieure biologiste et Cécile d’Estais, Déléguée Générale de l’association, de rencontrer des élèves des trois écoles primaires de la commune de Port Saint Louis du Rhône : Paul Éluard, Jules Verne et Romain Rolland. Dans chaque classe, nombreux sont les enfants qui vont fréquemment en mer en famille, que ce soit pour pêcher ou faire de la voile au départ de cette commune entre Mer Méditerranée, Golfe de Fos et Rhône, aux portes de la Camargue. Ces vocations de marins en herbe sont favorisées par l'initiative du Maire, Martial Alvarez, qui a institué pour chaque classe de CM1-CM2 une semaine complète de cours de voile à la Base nautique municipale de Port Saint Louis du Rhône, située dans le quartier de Carteau. La sensibilisation de ces jeunes à la préservation de leur milieu naturel s'adresse à des oreilles attentives. Le message prospèrera sans aucun doute dans leur cercle familial.
Enthousiasme des élèves de CM1-CM2 de la classe de Adeline Bosc de l'École primaire
Paul Éluard de Port Saint Louis du Rhône. Photo OceanoScientific
Sensibilisation des élèves de CM1-CM2 de la classe de Aude-Emmanuelle Navarro-Pages de l'École primaire Jules Verne de Port Saint Louis du Rhône. Photo OceanoScientific
Rencontre des élèves de CM1-CM2 de la classe de Cindelle Logeais Toubi de l'École primaire Romain Rolland
de Port Saint Louis du Rhône. Photo OceanoScientific
Mercredi 13 mars 2024
Faux départ… et programme à rebâtir
Après la longue attente de trois semaines d'une fenêtre météo favorable, le catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN a quitté notre base technique de Port-Saint-Louis-du-Rhône, où il était amarré au Ponton K du Pôle Nautisme Mer & Développement (Nautismed), mardi 12 mars en milieu de matinée. La veille, tout l'avitaillement - à 90% des produits Lyophilisé & Co sans lesquels nous n'envisageons pas de quitter le port ! - avait été réparti dans les coffres et placards, nombreux sur les catamarans Lagoon. Derniers arrivés, les produits de notre partenaire Conserverie La Belle-Iloise, issus d'une pêche responsable et qui égayent nos repas à terre comme en mer depuis plusieurs dizaines d'années, étaient stockés à bord à leur tour.
Enfin, nous pouvions déguster la joie de nous engager dans le Golfe du Lion avec une Tramontane de 25 à 30 nœuds de travers. LOVE THE OCEAN filait entre 9 et 10 nœuds sous deux ris et trinquette sur une mer raisonnablement agitée. Cependant, au premier croisement de cargo, il s'avéra que le système de positionnement AIS était inopérant. L'AIS (Automatic Identification System) permet d'identifier les navires croisés, leur type, leur cap et leur vitesse et d'être identifié soi-même de la même manière. Cet outil est destiné à éviter les abordages. Il est indispensable lorsqu'on navigue en Méditerranée, surtout pour se rapprocher puis pour emprunter le Détroit de Gibraltar. Conséquence : Retour au Ponton K de Nautismed mercredi 13 mars à 7h15, où Nicolas Escande (AD Nautic Port-Saint-Louis-du-Rhône) a remis l’émission/réception AIS en service en quelques minutes. Ce problème était causé par un fil partiellement débranché. L'électricien/électronicien l’identifie et reconnecte le câble en moins de temps qu'il ne faut pour l'expliquer. Mais le marin ne sait pas le résoudre dans la jungle des câbles entremêlés qui courent derrière la façade de la table à cartes. Désormais, la fenêtre météo s'est refermée. Il est donc nécessaire de rebâtir un programme en observant avec acuité les prévisions météo…
Grand soleil, Tramontane de 25 à 30 nœuds et mer raisonnablement agitée : LOVE THE OCEAN traverse le Golfe du Lion en galopant à 9-10 nœuds. Ce catamaran Lagoon 570 est particulièrement à l'aise dans ces conditions agitées.
Photo OceanoScientific
Joie d'avoir terminé l'ultime préparation au départ en Expédition OceanoScientific, de gauche à droite : Yvan Griboval (Skipper) ; Cécile d'Estais (Déléguée Générale de OceanoScientific - Coordinatrice de l'avitaillement des Expéditions OceanoScientific et de l'optimisation de la vie à bord) ; Clara Bayol (Ingénieure biologiste) ; Helena Nyhlén (ex-Propriétaire du Lagoon 570 DRAGOON devenu LOVE THE OCEAN). Selfie OceanoScientific
Sortie du chenal de Port-Saint-Louis-du-Rhône mardi 12 mars : Yvan Griboval (Skipper) à la barre, Clara Bayol (Ingénieure biologiste) sur le toit de la cabine et l'ancienne propriétaire suédoise du Lagoon 570, Helena Nyhlén, derrière le cagnard EXSYMOL Monaco. Photo OceanoScientific
Mercredi 6 mars 2024
Au bon vouloir d'Éole…
En attente d'une fenêtre météo favorable, le catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN est toujours stationné à notre base technique de Port-Saint-Louis-du-Rhône, sous les rafales du Mistral au Ponton K du Pôle Nautisme Mer & Développement (Nautismed). Avec la précieuse assistance de Christian Dumard, notre routeur de l'Expédition OceanoScientific Tour du Monde 2016-2017, nous étudions sans discontinuer les modèles météo : GFS l'Américain, ECMWF l'Européen et, bien sûr, Arome le Français. Et nous multiplions les routages sur TZ Navigator, installé sur le PC de LOVE THE OCEAN et sur notre iPad par notre partenaire ROM-arrangé. L'objectif n'est pourtant pas compliqué : Éviter de partir sous les rafales d'un Mistral ou d'une Tramontane trop violentes dans le Golfe du Lion, puis éviter de s'opposer à un fort Sud-Ouest pour longer les côtes espagnoles, s'engager dans la mer d'Alboran - la partie la plus occidentale du bassin méditerranéen, entre le Maghreb (Algérie - Maroc) et l'Espagne - puis embouquer le Détroit de Gibraltar avec un vent portant, ou de face, mais faible. Or cela fait trois semaines que nous cherchons la fenêtre favorable …et l'attente continue. Avec espoir toutefois, car les dépressions qui courent d'Ouest en Est sur l'Atlantique ont tendance à remonter au gré du développement du fameux anticyclone des Açores et la situation devrait nous permettre d'appareiller sous peu. Enfin !
Sous les rafales de Mistral, le pavillon OceanoScientific flotte fièrement sur le catamaran Lagoon 570
LOVE THE OCEAN au Ponton K de Port-Saint-Louis-du-Rhône. Photo OceanoScientific
"La succession de très fortes dépressions en Atlantique qui ont impacté la situation météorologique en Méditerranée durant ce mois de février est exceptionnelle, mais nous l'avons déjà vécue durant l'hiver 2020-2021 par exemple", explique Christian Dumard. On serait tenté d'en déduire que c'est un marqueur du dérèglement climatique. Ce que Christian Dumard modère : "Il faut dissocier Météorologie et Climatologie. Si la Météorologie nous permet de disposer de prévisions et de constater des phénomènes dépressionnaires et anticycloniques, la Climatologie s'inscrit sur un temps long. Ce n'est que dans au moins une dizaine d'années, en étudiant l'évolution de la météorologie sur une longue période avec des outils identiques d'observation qu'il sera possible, ou pas, d'attribuer les phénomènes exceptionnels que nous vivons - il est vrai, de plus en plus fréquemment - à un dérèglement climatique. Avec peu de recul, il est impossible de tirer des conclusions fiables."
Christian Dumard, routeur réputé pour avoir contribué aux succès de nombreux coureurs océaniques en solitaire comme en équipage autour de la Planète, conseiller météo du Vendée Globe et de nombreuses courses au large, est également le cofondateur avec Basile Rochut de la jeune société Marine Weather Intelligence, qui décuple l'efficacité conjuguée de l'exceptionnelle expérience de Christian Dumard et des outils offerts par l'Intelligence Artificielle. De ce fait, il n'est plus seulement question d'apporter une assistance aux coureurs d'océans en compétition comme en exploration ou en plaisance. L'objectif est désormais d'effectuer des analyses météo et des routages maritimes pour le transport de marchandises à risques qui nécessitent des conditions de navigation spécifiques. Il est également question d'aider à diminuer l'impact environnemental de la navigation commerciale et des super yachts. Le but est de favoriser une réduction des émissions de CO2 par le choix de routes maritimes avec des vents et courants portants. Cela permettra d'éviter de contraindre le navire à pousser ses moteurs et à augmenter ses émissions de gaz toxiques pour faire face à des vents et courants contraires. Une route plus longue sur la carte, peut se révéler d'une durée équivalente à une route plus courte face à des éléments naturels qui ralentissent le navire et en augmentent le coût en carburant …et en émission de CO2 !
Préparer une Expédition OceanoScientific, c'est envisager un maximum de situations et en prévenir les conséquences. C'est notamment constituer une pharmacie la plus complète qui soit, en intégrant les précieux compléments alimentaires de notre partenaire monégasque PhytoQuant. Photo OceanoScientific
Mercredi 28 février 2024
LOVE THE OCEAN : Catamaran de formation professionnelle
Quand le Golfe du Lion rugit avec des vents de plus de 40 nœuds - Force 9 / Fort coup de vent sur l'Échelle de Beaufort (photo ci-dessous) - mieux vaut laisser les amarres bien souquées à terre ! La minuscule fenêtre météo espérée ce lundi matin 26 février n'a pas permis de quitter notre base technique de Port-Saint-Louis-du-Rhône. Le catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN est ainsi toujours amarré au Ponton K du Pôle Nautisme Mer & Développement (Nautismed), fin prêt à mettre cap au Sud-Ouest pour la première des Expéditions OceanoScientific Porifera 2023-2030. La veille météo a donc repris. Une nouvelle fenêtre météo, plus fiable semble-t-il, se précise dans quelques jours. Hâte d'appareiller !
C'est l'occasion de faire progresser les objectifs de l'association OceanoScientific tels que nous les avons présentés dans les Newsletters des 17 et 24 janvier : Science & Humanité / Formation des jeunes & Économie Bleue. Le catamaran LOVE THE OCEAN a démarré sa carrière d'OceanoScientific Explorer l'an dernier comme Base Totem Navigante du programme FAçade Méditerranéenne EXemplaire - FAMEX 2030, dont est issu le Tour MER & MÉTIERS - Révéler les vocations de Demain. En ce début d'année 2024, cette plateforme devient un véritable catamaran de formation professionnelle, grâce à de multiples collaborations, dont celle, déterminante, avec l'École de l'ADN grâce au Professeur Christian Siatka, Directeur de la plateforme de Génotypage et de Génomique de l’École de l’ADN - présidée par le Professeur Philippe Berta - mais également vice-Président de l'association OceanoScientific et Directeur Scientifique des Expéditions OceanoScientific Porifera 2023-2030.
Si le violet était la couleur préférée de Florence Arthaud, c'est surtout celle redoutée des marins lorsqu'elle illustre
une carte météo. Elle met en évidence des vents de 40 nœuds (quatre barbules sur la hampe indiquant la direction
du vent), voire de 50 nœuds (flèche sur la hampe), sachant que les rafales peuvent atteindre une dizaine de nœuds supplémentaires ! Capture d'écran Windy.app du 27 février - 08h03 de la prévision météorologique
du 28 février à 11h00 (heure locale) dans le Golfe du Lion.
"Je rêve de permettre à nos étudiants de faire des travaux pratiques en mer à la voile avec vous, de sortir des salles de cours !" Lorsque le Président de l'Université de Toulon, Xavier Leroux, me transmet son souhait avec enthousiasme à l'occasion de mon premier rendez-vous avec lui et son adjoint Frédéric Guinneton mardi 12 octobre 2021 en fin de journée, cette idée se grave dans ma mémoire. Réaliser le rêve du Président Leroux devient une évidence. A force de volonté, nous y arrivons cette année", explique Yvan Griboval.
C'est le cas dès maintenant, en embarquant Clara Bayol pour une traversée de l'Atlantique et la première des Expéditions OceanoScientific Porifera 2023-2030 programmée en Guadeloupe au mois d'avril. Puis nous enchaînerons en juillet sur notre deuxième Expédition OceanoScientific ADNe Méditerranée sous la direction du Professeur David Mouillot (UMR Marbec - Université de Montpellier).
Clara Bayol mêle avec talent son statut d'étudiante en fin de troisième année de formation d'ingénieur ChemBiotech à Strasbourg avec un double cursus Chimie & Biotechnologies de l'École Supérieure de Biotechnologies et de l'École de Chimie, Polymères et Matériaux …et celui de double championne du Monde de match-racing - compétitions de voile en duels à la manière de l'America's Cup.
"En réalisant son stage de fin d'études au sein de l'association OceanoScientific, Clara va passer de la théorie à la pratique à bord du catamaran LOVE THE OCEAN - en autonomie énergétique et sans émission de CO2 - au service des innovations majeures que sont la préservation et la valorisation des données génétiques d'organismes marins récifaux menacés d'extinction, ainsi qu'à la collecte d'ADN environnemental (ADNe). La finalité dans ce second cas est, outre une réelle connaissance scientifique de la biodiversité littorale, d'aider à terme les pêcheurs côtiers à pratiquer une pêche durable pour une alimentation durable", précise Yvan Griboval. "Forte de cette expérience et des compétences acquises sur le terrain au contact des Professeur Christian Siatka ainsi que du Professeur David Mouillot et de son équipe, Clara sera en capacité de présenter aux lycéens les nombreux débouchés qu'offre l'usage de la génétique appliquée à la biodiversité marine". Il s'agit de ces fameux nouveaux métiers de l'Économie Bleue. Ils émergent grâce au rapide développement des connaissances scientifiques conjugué à l'usage de l'Intelligence Artificielle (IA). Les premiers lycéens à bénéficier des "Ateliers Biodiversité Marine" seront ceux de Port Saint Louis du Rhône, Ville Partenaire de l'association OceanoScientific.
De gauche à droite : Clara Bayol, stagiaire de l'association OceanoScientific de fin d'études ChemBiotech d'ingénieur
en double cursus Chimie & Biotechnologies et Julien Verne, collaborateur de la société ROM-arrangé (Lorient & Mauguio) qui vient d'installer le boitier OCEANO VOX pour un test océanique financé partiellement par
la Fondation Pure Ocean dans le cadre d'un appel à projets remporté par "Citizen into Science", initiative coordonnée par Lucie Cocquempot (Ifremer). Photo OceanoScientific
La première mission de Clara Bayol a été d'assister Julien Verne (ROM-arrangé) lors de l'installation du boitier OCEANO VOX. Il s'agit d'une solution disruptive, imaginée par Antoine Cousot, d’acquisition de données en mer afin d’offrir à tous les plaisanciers la possibilité de s'impliquer dans l’amélioration de la sécurité en mer et une meilleure connaissance de l'Océan. Cet outil sera également utile aux compagnies d'assurances.
Ce projet "Citizen into Science", coordonné par Lucie Cocquempot (Ifremer), a été lauréat de l'Appel à Projets 2023 de la fondation PURE OCEAN. Grâce à cela, un premier jeu de balises OCEANO VOX de la taille d’une grosse boite d'allumettes sera déployé en zone arctique pendant l’été 2024 au sein d’une flotte volontaire de voiliers de plaisance hauturière. Les données météo collectées seront mises à disposition de l’Ifremer, partenaire scientifique du projet.
Pour fiabiliser cette solution innovante avant le déploiement arctique, la balise OCEANO VOX sera donc testée préalablement en conditions océaniques à bord du catamaran LOVE THE OCEAN au gré d'une double traversée de l'Atlantique Nord. Le petit boitier fixé en façade de la table à cartes transmettra automatiquement toutes les heures des données météorologiques in-situ vers la terre via une constellation de nano satellites. Cela impose une compression importante des données, mais permet en contrepartie de réduire drastiquement les coûts d’acquisition de ces données inédites.
Il s'agit en fait d'une déclinaison à l'usage des plaisanciers d'une des fonctions de l'OceanoScientific System (OSC System) conçu par Yvan Griboval dès 2006 grâce au concours de la regrettée Fabienne Gaillard, puis de Thierry Reynaud (Ifremer), de Gilles Reverdin (CNRS - INSU - LOCEAN), de Pierre Blouch et Jean-Baptiste Cohuet (Météo-France) et de Denis Diverrès (IRD Bretagne - IMAGO).
Rappelons que cet OSC System a été mis au point en trois ans (2006-2009), puis développé ensuite sur différents navires à voile sur tous les grands océans, de l'Arctique à l'Antarctique sur un trajet équivalent à deux fois le tour du Monde. Le logiciel OSC-Software est désormais développé par ROM-arrangé, après la première campagne océanographique réalisée à l'interface Air-Mer avec succès à la voile sans émission de CO2 sous le 40e Sud durant soixante jours sans escale sous les trois grands caps continentaux : Bonne-Espérance, Leeuwin et le Cap Horn, au gré de l'Expédition OceanoScientific Tour du Monde 2016-2017 réalisée en solitaire par Yvan Griboval de Monaco à Monaco.
De la taille d'une grosse boite d'allumettes, facile à installer, le boitier OCEANO VOX communique avec la terre
grâce à une constellation de nano satellites. Sa vocation est d'équiper les bateaux de plaisance (voile & moteur) pour offrir un service innovant aux propriétaires comme aux compagnies d'assurances afin d'améliorer la sécurité en mer. Photo OceanoScientific
Mercredi 21 février 2024
Port Navy Super Services
Il y a tout juste un an, la tâche était délicate lorsque nous avons dû sélectionner une base technique sur le littoral méditerranéen pour transformer notre catamaran Lagoon 570 de 2001, tout juste acquis, en une plateforme OceanoScientific Explorer dénommée LOVE THE OCEAN, puis nous engager à y effectuer les maintenances annuelles sur un cycle de huit ans. Nous n'avions alors aucune réelle connaissance des professionnels du secteur. Plus de 45 ans d'activités professionnelles sur les côtes de Manche et d'Atlantique avaient forgé de solides habitudes dans cette zone, notamment auprès de l'excellente base technique V1D2 Marine Services (Caen - Normandie). Après de nombreuses démarches, notre choix s'est porté sur Port Navy Service à Port-Saint-Louis-du-Rhône, où nous avons placé la préparation de notre Lagoon LOVE THE OCEAN sous la coordination de Frédéric Switala et de Benoît Gabriel (META Yachts Services). À quelques jours de larguer les amarres pour la première des Expéditions OceanoScientific Porifera 2023-2030, nous ne pouvons que nous féliciter d'avoir fait le bon choix. Nous apprécions la collaboration avec les élus de la ville de Port-Saint-Louis-du-Rhône, en particulier avec le Maire, Martial Alvarez et ses équipes du Pôle Nautisme Mer & Développement (Nautismed). Sur le site de Port Navy Service - escale officielle du Club Lagoon - nous avons bénéficié de la présence de spécialistes compétents pour une préparation de qualité en vue de navigations océaniques au long cours sereines. Désormais, il faut attendre que la tempête "Louis" et ses conséquences méditerranéennes aillent souffler ailleurs pour que le LOVE THE OCEAN mette le cap au Sud-Ouest...
Le catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN effectue sa manœuvre pour accoster au quai de Port Navy Service.
Photo de drone Maeve Fabre - Port Navy Service
Depuis mai dernier, Port Navy Service, dirigé par Philippe Froment, et le Club Lagoon ont marié leurs compétences pour offrir des avantages exclusifs aux propriétaires des catamarans produits par CNB (Groupe Bénéteau) membres du Club Lagoon. Cela garantit aussi bien une place au port de premier choix, que des remises exceptionnelles sur les services portuaires et bien d'autres privilèges encore. Ce partenariat est taillé sur mesure pour les amoureux des Lagoon, …comme nous ! D'ailleurs, LOVE THE OCEAN est un des Ambassadeurs du Club Lagoon. Cette communauté d'excellence offre à ses membres l'accès à un réseau de marinas prestigieuses dans de nombreux pays et des réductions exclusives sur la Boutique Lagoon en ligne.
Chez Port Navy Service, outre l'engagement multidisciplinaire de META Yachts Services - comparable à ce qui se pratique dans la préparation de voiliers de course océanique en Manche et Atlantique - nous avons bénéficié des services de la talentueuse et rigoureuse équipe de Christophe Ortin (Atelier Marine Services), qui est intervenue avec efficacité sur nos deux moteurs Yanmar, leurs saildrives et notre générateur Onan. Ils sont également en charge du suivi de la maintenance du moteur Suzuki qui équipe notre annexe Vanguard. Un tandem précieux à l'efficacité avérée pour réaliser les Expéditions OceanoScientific ADNe Méditerranée.
Port Navy Service est une base technique de plus en plus réputée. Il est fréquent d'y rencontrer de célèbres marins comme Paul Meilhat qui y hiverne son catamaran personnel. Ou de célèbres navires, comme ici
la goélette TARA qui sort de sa campagne sur le Rhône et se prépare à retourner naviguer en mer.
Photo de drone Maeve Fabre - Port Navy Service
Tout le matériel Raymarine a été installé par Nicolas Escande (AD Nautic - The Wind Ship), qui a également contrôlé et remis en service l'éclairage intérieur, ainsi que quelques équipements électriques comme le guindeau, essentiel dans nos missions océanographiques. Quant aux travaux de sellerie, ils ont été réalisés par Stéphane Lebar (WBS Yacht Service - Global Nautic).
Deux entreprises extérieures sont intervenues à bord de LOVE THE OCEAN durant son séjour à Port-Saint-Louis-du-Rhône. ROM-arrangé, LA référence de la capitale de la course océanique mondiale (Lorient) en matière d'équipements informatiques et de liaisons satellitaires, grâce à son antenne de Mauguio (près de Montpellier), a équipé notre catamaran du meilleur matériel en ce domaine. YACHTELEC, société basée à La Ciotat, réputée dans le milieu du yachting de prestige et des super yachts, mais également unique représentant sur le littoral méditerranéen français des dessalinisateurs de la marque italienne Idromar, a remis en état cette garantie d'autonomie sans limite en matière d'eau douce. Un complément important à l'autonomie énergétique produite par les 2 000 watts des panneaux solaires. De quoi naviguer et explorer sans émission de CO2, même au cœur de sites maritimes sanctuarisés…
À l'heure où nous mettons en ligne, alors que la tempête "Louis" risque de ravager le Nord de nos côtes atlantique et celles de la Manche jusqu'à loin dans les terres, sa partie Sud va engendrer une grosse tempête de Sud-Ouest, pile face aux étraves du LOVE THE OCEAN. La Nature impose son rythme qu'il faut respecter. Résultat, nous allons devoir attendre la fenêtre du jeudi 29 février qui se profile à l'horizon météorologique pour larguer les amarres. Quelques jours à demeurer au Ponton K de Port-Saint-Louis-du-Rhône où nous n'escomptons pas revenir à notre base technique de Port Navy Service avant la seconde moitié du mois d'août. Nous y effectuerons la maintenance annuelle avant d'entamer le Tour MER & MÉTIERS - Révéler les vocations de Demain. Un gros mois le long du littoral méditerranéen de Nice à La Grande Motte et nous rejoindrons Bordeaux à la mi-décembre. Ce sera l'occasion de participer à la célébration des 40 ans de la marque Lagoon (140 ans du Groupe Bénéteau) au ponton du chantier CNB, sur la rive droite de la Garonne.
Le Ponton K de Port-Saint-Louis-du-Rhône, spécialement conçu pour accueillir des catamarans, est exceptionnel douze mois sur douze, qu'il s'agisse d'hiverner face au Mistral ou de faire une escale au calme durant l'été, lorsque les marinas alentour débordent et sont excessivement bruyantes. Un site d'escale que nous recommandons !
Photo OceanoScientific
Mercredi 7 février 2024
Cap sur le Parc national de la Guadeloupe
Alors que la première des Expéditions OceanoScientific Porifera 2023-2030 était programmée de longue date à destination de l'île Juan de Nova (Océan Indien - Iles Éparses - France - TAAF), le Conseil d'Administration de l'association philanthropique d'intérêt général OceanoScientific a entériné ce mardi 6 février la mise en adéquation de ses campagnes tropicales avec sa stratégie globale. En lieu et place de Juan de Nova, cette première mission se fera de l'autre côté de l'Atlantique, dans le Parc national de la Guadeloupe, en étroite collaboration avec la direction de ce site exceptionnel et avec ses propres partenaires scientifiques et pédagogiques. Comme l'explique ci-dessous Yvan Griboval, Directeur des Expéditions OceanoScientific et skipper du catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN, c'est un changement de cap en totale cohérence avec notre orientation stratégique : axer toutes nos actions à vocation scientifique pour "Guider les jeunes vers les nouveaux métiers de l'Économie Bleue". La préparation de notre plateforme océanographique innovante - se déplaçant à la voile en totale autonomie énergétique sans émission de CO2 - se termine actuellement à Port-Saint-Louis-du-Rhône sous la coordination de Frédéric Switala et de Benoît Gabriel (META Yachts Services).
Le Parc national de la Guadeloupe, dans lequel se situe l'anse de Grand Cul-de-Sac Marin au Nord de l'île,
est un site d'exploration riche d'une grande biodiversité. Il subit, comme tout l'arc antillais, la conjonction des conséquences du dérèglement climatique et de la pression anthropique. Y recueillir par séquençage ADN in-situ les données génétiques d'organismes marins en voie de disparition du fait de la Sixième Extinction, est de première importance pour sauvegarder précieusement ce patrimoine de la Guadeloupe.
Photo Anne Chopin avec l'aimable autorisation du Parc national de la Guadeloupe
"Comme nous souhaitons réaliser des Expéditions OceanoScientific dont la finalité soit directement liée au profit de la jeunesse des territoires explorés, Juan de Nova, une des cinq îles éparses inhabitées, dont l’intérêt scientifique est inchangé, ne répondait plus à nos priorités", expliquait Yvan Griboval au sortir du Conseil d'Administration, mardi 6 février au soir. "Mais ne pas pouvoir emmener des lycéennes et des lycéens découvrir la génétique moléculaire à bord de notre catamaran de 17 mètres, n'est pas la seule raison de ce changement d’objectif.
En effet, malgré l'enthousiasme sincère des scientifiques très compétents des universités de Mayotte et de La Réunion avec lesquels nous démarrions une collaboration, aucun programme scientifique ne pouvait abriter notre Expédition OceanoScientific, du fait de son caractère extrêmement innovant, hors les standards océanographiques traditionnels. Personne n'imagine que réaliser du séquençage ADN in-situ est possible et, surtout, utile pour favoriser la préservation et la valorisation de données génétiques d'organismes marins menacés par la Sixième Extinction et la pression anthropique !
Autodidacte, je suis un instinctif. Alors, j'ai tenu à faire spécialement le déplacement à Saint-Pierre à La Réunion pour un entretien le 21 septembre dernier avec Madame la Préfète des Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF) et avec ses responsables de départements. En 90 minutes d'entretien, j'ai perçu que l'accueil que nous réserverait l'Administration des TAAF ne serait pas à la hauteur de notre engagement. J'ai estimé que l'effort de nos mécènes et partenaires pour nous permettre de mener à bien cette mission d'exploration - par des fonds de cinq à huit mètres pour préserver des données génétiques inconnues - ne serait pas récompensé par une collaboration constructive pour mener cette entreprise au succès. J'en ai déduit que les deux fois 80-90 jours de navigation avec incursion dans les Quarantièmes Rugissants sous le Cap de Bonne-Espérance devait être a minima reporté lorsque l'administration des TAAF comprendrait l’enjeu. L'enthousiasme du Bureau de l'Action de l'État en Mer (BAEM) de la zone de l'Océan Indien Sud-Ouest n'a pas suffi à contrebalancer cette position des TAAF.
L'idée de travailler à la réalisation d'une "preuve de concept" en Guadeloupe, toujours aux mêmes dates que celles retenues pour Juan de Nova : lundi 8 au vendredi 19 avril inclus, s'est imposée comme une évidence. Le premier contact avec Valérie Séné, Directrice du Parc national de la Guadeloupe et avec sa collaboratrice Sophie Bédel, a confirmé cette évidence. Autre élément en faveur de ce choix d'une mission dans le lagon de Grand Cul-de-Sac Marin, l'École de l'ADN, présidée par les Professeurs Philippe Berta et Christian Siatka, est en cours d'implantation en Guadeloupe pour favoriser l'accès des jeunes aux métiers de la génétique. Christian Siatka, vice-Président de l'association OceanoScientific, est aussi notre généticien référent embarqué en son statut de Directeur Scientifique. Réaliser la première des Expéditions OceanoScientific Porifera 2023-2030 dans cette île des Antilles Françaises accélèrera la mise en œuvre de ce projet au profit des Guadeloupéennes et des Guadeloupéens.
Nous mettrons donc le cap sur la Guadeloupe fin février avec enthousiasme et ravis de pouvoir entamer une collaboration avec les équipes du Parc national de la Guadeloupe et avec ses partenaires scientifiques et pédagogiques".
L'anse de Grand Cul-de-Sac Marin est un joyau de biodiversité marine du Parc national de la Guadeloupe,
au Nord de l'île. C'est probablement un des sites maritimes ultramarins français les plus contrôlés pour en assurer une préservation durable, grâce aux équipes qui le gèrent avec passion. Cependant, bon nombre de ses organismes sont encore méconnus, surtout en ce qui concerne leurs caractéristiques génétiques.
Carte publiée avec l'aimable autorisation du Parc national de la Guadeloupe
Mercredi 31 janvier 2024
Plastimo LOVE THE OCEAN
Plastimo fut le premier partenaire technique & fournisseur officiel du skipper d'usine du Chantier Bénéteau, Yvan Griboval, en juin 1981 à l'occasion de la TWOSTAR, la transat en double anglaise sur le trajet Plymouth (GB) - Newport (E-U), courue avec François Carpente sur FIRST, un First 35. Rien d'étonnant que 43 ans de fidélité plus tard, Plastimo s'engage à nouveau dans une aventure menée par Yvan Griboval, désormais Directeur des Expéditions OceanoScientific et skipper du catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN. "Pour mener à bien des explorations océanographiques à la voile sans émission de CO2 dans des zones maritimes peu fréquentées et parfois hostiles, le premier souci concerne la sécurité à la fois du navire, mais également de son équipage. Or, Plastimo (Groupe Alliance Marine) offre la gamme des équipements les mieux adaptés pour garantir de naviguer en toute sécurité et de parer aux fortunes de mer auxquelles tout marin s'expose en quittant le port", explique Yvan Griboval. "Travailler avec les meilleurs en tous domaines augmente nos chances de succès et garantit à nos partenaires que nous veillons à mettre le maximum de chances de notre côté pour que nous portions fièrement leurs couleurs à bord du LOVE THE OCEAN".
Mercredi 24 janvier une franche et cordiale poignée de mains entre Frédéric Blaudeau, Directeur Marketing & Communication de Plastimo (à gauche) et Yvan Griboval scelle l'accord de collaboration entre Plastimo et l'association OceanoScientific au titre des navigations d'intérêt général réalisées par le catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN sur le cycle des Expéditions OceanoScientific 2024-2030. Photo OceanoScientific - Plastimo
Qui aurait imaginé - et sûrement pas Antoine Zuliani, tout entrepreneur innovant qu'il était en créant Plastimo à Lorient en 1963 - que la marque morbihannaise serait 60 ans plus tard présente dans 90 pays avec pas moins de 1 600 revendeurs en France !
Tout comme Benjamin Bénéteau, grand-père de Madame Annette Roux, ne pouvait pas imaginer en créant son chantier sur les bords de la Vie en Vendée en 1884, à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, que 140 ans plus tard sa petite-fille en aurait fait un mastodonte international de l'industrie nautique, accumulant les titres de leaders mondiaux, à commencer par celui de constructeur de catamarans de plaisance avec la marque Lagoon, qui fête cette année ses quarante ans !
Marque emblématique de la plaisance, Plastimo accompagne les navigateurs et les professionnels du nautisme sur toutes les mers du Globe. Les gammes propriétaires portent l’ADN de la marque et sont complétées par une sélection de marques spécialistes réputées, dont bon nombre sont issues de l'univers du Groupe Alliance Marine.
Plastimo, ce sont 12 000 produits qui mettent en exergue les quatre valeurs fondamentales de l’équipage Plastimo : Sécurité - Ergonomie - Plaisir du Pratiquant - Service au Professionnel. Quatre points cardinaux de Plastimo, société réputée par ailleurs pour ses fameux compas toujours réalisés dans ses propres ateliers historiques, non loin de la base des sous-marins de Lorient, désormais à quelques encablures des immenses bâtiments des plus grandes écuries de course océanique au Monde devenue la célèbre Sailing Valley - Lorient La Base.
La sécurité est au cœur même de l'ADN de Plastimo depuis son origine, lorsque ses brassières de sauvetage "Plein Ciel" étaient l'uniforme de l'emblématique École de Voile Les Glénans. La sécurité a toujours été le fil conducteur du développement de la marque, comme en témoignent les derniers gilets de sauvetage, longes et harnais nés dans le département R&D de Lorient.
Plastimo et OceanoScientific partageant les valeurs fondamentales relatives à la nécessaire préservation de la biodiversité marine, il est donc naturel que Plastimo embarque sur le catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN …pour de longues navigations…
Mercredi 24 janvier 2024
Guider les jeunes vers les nouveaux métiers
de l'Économie Bleue
Après avoir présenté le nouveau Conseil d'Administration de l'association OceanoScientific dans la Newsletter du 10 janvier ; en ayant évoqué les objectifs scientifiques du cycle de sept ans de 2024 à 2030 dans celle du 17 janvier, Yvan Griboval, à la fois Président de l'association philanthropique d'intérêt général OceanoScientific, Directeur des expéditions et skipper du catamaran Lagoon 570 adapté en plateforme océanographique LOVE THE OCEAN, présente désormais l'objectif majeur de OceanoScientific sous forme d'une interview, validée par les membres du Conseil d'Administration. C'est le fruit d'un long parcours qui a débuté il y a bientôt vingt ans, en 2005, lorsqu'a germé le projet de profiter des voiliers qui naviguent dans des zones maritimes peu fréquentées et spécifiquement sous les trois grands caps continentaux : Bonne-Espérance, Leeuwin et le Cap Horn, pour recueillir des données océanographiques d'intérêt, tout en utilisant ces aventures humaines pour sensibiliser le plus large public à respecter et à aimer l'Océan. La première grande évolution, telle qu'évoquée le 17 janvier dernier, a été la décision d'assister les scientifiques sous réserve que les données recueillies aient un usage direct au profit de l'Humanité. La finalité de notre démarche consiste désormais à tout mettre en œuvre : nos Expéditions OceanoScientific, comme tous les autres événements de l'association et les prises de parole qui en résultent, pour une unique cause de grande envergure : favoriser l'accès des jeunes aux nouveaux métiers de l'Économie Bleue.
Si le célèbre artiste-photographe-plongeur niçois Greg Lecoeur a saisi-là une scène merveilleuse de la vie d'un récif corallien en bonne santé, nous y décelons l'objet des Expéditions OceanoScientific Porifera 2023-2030.
C'est-à-dire des organismes marins dont de minuscules échantillons recueillis sans les blesser vont permettre au Professeur Christian Siatka d'en séquencer l'ADN pour, à terme, rechercher les molécules d'intérêt pour la Santé, le Bien-être et les Services à l'Environnement au profit des jeunes en faveur des nouveaux métiers de l'Économie Bleue.
Photo Greg Lecoeur (Tous droits réservés)
Question - Pourquoi orienter les missions de l’association vers une sensibilisation des jeunes lycéens et étudiants aux nouveaux métiers de l’Économie Bleue ?
Yvan Griboval - "Lorsque je suis revenu le 2 juin 2017 au Yacht Club de Monaco au terme de l'Expédition OceanoScientific Tour du Monde 2016-2017, j'ai rapporté un seul mot de mon aventure : "EFFICACITÉ", que j'essaye depuis de décliner …le plus efficacement possible !
Orienter nos campagnes océanographiques pour qu'elles soient fléchées au service de l'Humanité est une première étape. Nous avons effectivement démarré sur ce thème l'an dernier à l'occasion de l'Expédition OceanoScientific ADNe Méditerranée 2023.
En 2005-2006, s'il y a cette volonté de s'orienter vers une activité philanthropique relative à une meilleure connaissance de l'Océan pour mieux le préserver pour les générations futures, c'est parce que je vais à nouveau devenir Papa. Parce que je prends conscience que mon fils ou ma fille ne connaitra jamais la Nature telle qu'elle était dans les années 60-70, lorsque je passais l'essentiel de mon temps libre sur l'estran des rivages du Pays de Caux (Normandie) et dans la bande côtière d'un mille nautique tout au plus (1 852 mètres) où les ressources halieutiques prospéraient à profusion et paraissaient inépuisables.
Lorsque que l'enfant attendu s'est avéré être deux vrais jumeaux et leur sœur, donc des triplés (!), mes convictions se sont renforcées. J'ai alors peu-à-peu abandonné mon univers d'origine : la Communication Événementielle dans le domaine de la voile sportive, pour me consacrer progressivement, puis à 100%, au développement de ce qui est devenu l'association philanthropique d'intérêt général OceanoScientific. Dans cette démarche, Cécile d'Estais-Griboval, mon épouse et la Super Maman des Triplés, a rejoint très tôt l'association OceanoScientific, animée de la même énergie que moi pour œuvrer avec passion en pensant évidemment à la génération de nos enfants de bientôt 17 ans, mais surtout aux générations futures, sans distinction aucune, ni d'origine ni de nationalité.
Deux autres étapes ont été décisives.
La première, lorsque nos triplés nés en juin 2007 avaient une dizaine d'années et que je revenais de mon périple en solo autour de la Planète. Je leur ai exposé la nécessité de s'intéresser à un maximum de sujets en prévision de leur vie professionnelle dans des métiers, qui, probablement n'existaient pas encore. D'où l'impérieuse nécessité d'être curieux et de ne limiter d'aucune manière leurs rêves. Car l'impossible d'un jour se révélera une évidence le lendemain, à force de volonté, à condition de n'être contraint ni dans sa propre réflexion, ni dans ses actions.
La seconde étape est plus récente. Ce fut il y a tout juste un an. Lorsque les trois têtes blondes, bien ancrées dans cette période "exquise" qu'est l'adolescence, se sont trouvées en Seconde Générale en situation de choisir trois spécialités. Ce choix fondamental étant le préambule de l'abandon d'une des trois spécialités au terme de la Première. Pour clore une Terminale avec une sélection resserrée de matières afin de s'adapter au moule de Parcoursup. Bref, tout l'inverse de ce que je recommandais à nos triplés cinq ans plus tôt !
Alors que des milliers de nouveaux métiers émergent en tous domaines, notamment du fait d'outils sans cesse plus performants - sans oublier l'apport de l'Intelligence Artificielle !... - pourquoi devrait-on limiter les acquis scolaires de cette jeune génération sous prétexte de s'adapter à un moule fondé sur des filières pédagogiques d'un autre siècle ?
Lorsque j'avais de vingt à trente ans en 1970-90, être autodidacte en ne disposant d'aucun diplôme s'avérait potentiellement un gros handicap. Ce ne fût pas mon cas et j'en suis fier. Aujourd'hui, le statut d'autodidacte est plutôt un atout qu'un frein à une carrière passionnante dans un nouveau métier. Une activité professionnelle à concevoir et à développer soi-même grâce aux nombreux atouts dispensés tant par l'État français que par les collectivités territoriales. Aucun autre pays que la France, n'offre de telles opportunités aux jeunes. Aidons-les à s'en saisir à bon escient."
Question - Comment allez-vous concilier les missions majeures de l’association OceanoScientific avec cet élan vers les nouveaux métiers émergeants de l’Économie Bleue ?
Yvan Griboval - "D'abord un constat. De nombreux adolescents développent une phobie scolaire et se retrouvent totalement démotivés au point d'avoir strictement aucune appétence pour les cours dispensés au lycée" alors qu'il y tout ce qu'on veut sur Internet", comme cela est répété à l'envi par les ados récalcitrants.
Force est de constater autour de nous que le nombre de ceux que nous dénommons "Les "Naufragés de l'Éducation Nationale" est significatif : enfants démotivés, jeunes étudiants désabusés.
Or, jamais le domaine maritime et ses extensions n'a été autant synonyme d'emplois d'avenir, si ce n'est peut-être à la fin du XIXe et au début du XXe. Et encore, j'en doute. Il n'y avait pas alors à disposition de moyens de communication universels qui offrent aujourd'hui une audience internationale à la moindre prise de parole sur les réseaux sociaux, outils de développement mondial parmi d'autres...
Un exemple simple. Les Australiens ont rompu le contrat avec la France qui devait leur livrer des sous-marins. Américains et Anglais ont pour cela argué de je ne sais quels arguments pour décrédibiliser notre pays et nos compétences en ce domaine. Avant de se rétracter récemment et d'annoncer l'impossibilité de livrer les fameux sous-marins anglo-saxons. La raison ? Une absence de main-d'œuvre qualifiée, faute de filières pédagogiques adaptées aux nouvelles technologies développées par des ingénieurs toujours plus créatifs, à des matériaux toujours plus sophistiqués.
Dans notre domaine de l'usage de la génétique appliquée à des organismes marins issus des récifs français coralliens, de nombreuses tâches, expressions du biomimétisme, sont à inventer pour établir un lien efficace entre : la collecte des minuscules échantillons ; le séquençage ADN ; la recherche et la valorisation de molécules d'intérêt ; l'usage industriel et commercial qui pourrait en être fait in-fine.
Dans les projets très innovants que nous portons, précisons, en ce qui concerne la valorisation de données génétiques (numériques) et la commercialisation de produits issus de celles-ci, que nous militons ardemment auprès des autorités françaises de tutelle pour que tout brevet relatif à l'usage du vivant demeure inaliénablement détenu à un tiers par le territoire d'origine des échantillons séquencés. Pas moins. Soit une avancée majeure par rapport aux règles internationales régies par le fameux Protocole de Nagoya, que je considère, en ce qui me concerne, malheureusement aussi efficace qu'une raquette de tennis sans cordage.
Bien évidemment, nous n'avons, directement ou indirectement, strictement aucun intérêt financier ou d'une autre nature, dans l'exploitation de ces données numériques issues du vivant.
Nous travaillons à ce projet depuis deux ans sous la dénomination de REssources FRAnçaises CORalliennes - REFRACOR 2030. Nous aurons l'occasion d'en exposer les tenants et les aboutissants dans quelques semaines, une fois que nous serons en mer sur la route de notre première mission tropicale.
Grâce à l'apport déterminant du Professeur généticien Christian Siatka - présenté dans sa fonction de vice-Président de l'association OceanoScientific dans la Newsletter du 10 janvier - et à son expérience, à la fois comme Directeur de la plateforme de Génotypage et de Génomique de l’École de l’ADN, mais également de concepteur et de fournisseur de kits d'ADN à plusieurs centaines de professeurs de Sciences de la Vie et de la Terre (SVT) de collèges et de lycées, il sera possible, les 17, 18 et 19 avril prochain, de sensibiliser des jeunes de 15-19 ans à l'usage de l'ADN appliqué aux organismes marins des récifs situés devant chez eux.
Nous réaliserons en effet à bord du Lagoon 570 transformé en OceanoScientific Explorer LOVE THE OCEAN des ateliers de séquençage in-situ dans le lagon, sous les directives du Professeur Christian Siatka, Directeur Scientifique des Expéditions OceanoScientific Porifera 2023-2030.
L'objectif est donc bien de motiver ces jeunes à considérer les récifs coralliens non pas seulement comme des sites touristiques pour les Métropolitains et les étrangers, mais comme la promesse d'emplois, la garantie de pouvoir développer une activité professionnelle sans avoir besoin de se laisser aimanter par la Métropole et ses chimères."
Mercredi 17 janvier 2024
Mettre la Science au service de l'Humanité
Comme annoncé dans la Newsletter hebdomadaire du mercredi 10 janvier à l'occasion de la présentation du nouveau Conseil d'Administration, cette semaine nous évoquons les objectifs scientifiques de l'association OceanoScientific pour un cycle de sept ans, de 2024 à 2030 inclus. A l'occasion de la Newsletter du mercredi 24 janvier, nous révèlerons la finalité des actions OceanoScientific et des expéditions éponymes. De la création du Programme OceanoScientific, le 14 novembre 2016 à l'Expédition OceanoScientific Contaminants Méditerranée 2020, l'objectif prioritaire a été de collecter des données océanographiques physico-chimiques, notamment lors du tour du monde en solitaire destiné à réaliser l'Expédition OceanoScientific 2016-2017 qui fut la première campagne de collecte de données scientifiques à l'interface Air-Mer à la voile sans émission de CO2 sous le 40e Sud, dans le Courant Circumpolaire Antarctique, sous les trois grands caps continentaux : Bonne-Espérance, Leeuwin et le Cap Horn. Yvan Griboval, à la fois Président de l'association philanthropique d'intérêt général OceanoScientific, Directeur des expéditions et skipper de la plateforme océanographique LOVE THE OCEAN, adaptée à partir d'un catamaran Lagoon 570, présente ci-après ces objectifs sous forme d'une interview, validée par les membres du Conseil d'Administration.
Les Expéditions OceanoScientific Porifera 2023-2030 vont se concentrer sur l'étude des éponges qui peuplent le patrimoine récifal français. Toujours avec un voilier se déplaçant en autonomie énergétique sans émission de CO2. Il s'agira de recueillir de minuscules échantillons, sans tuer ni blesser les organismes marins étudiés, pour en effectuer un premier séquençage ADN à bord du catamaran LOVE THE OCEAN grâce à la cabine de génétique moléculaire
conçue par notre vice-Président, Christian Siatka. Photo Thierry Pérez, Directeur de Recherches CNRS
de la Station Marine d’Endoume - IMBE (Marseille).
Question - Pourquoi vous intéresser désormais aux organismes marins récifaux ?
Yvan Griboval - "Tout d'abord, il est important de préciser que nous n'avons pas abandonné la collecte de données physico-chimiques. D'ailleurs, une quatrième version de l'OceanoScientific System (OSC System) a été développée et nous comptons l'installer dès que possible à bord du catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN. Mais, ce n'est plus l'axe prioritaire de nos Expéditions OceanoScientific.
Dans cet esprit, nous sommes actuellement en cours d'équipement de notre Lagoon 570 du système OCEANO VOX développé par Antoine Cousot en étroite relation avec Thierry Reynaud, chercheur de l'Ifremer qui a efficacement participé à l'élaboration de l'OSC System et à l'encadrement de l'Expédition OceanoScientific Tour du Monde 2016-2017. Grâce à un financement de la fondation PURE OCEAN du fait d'un appel à projets remporté en 2023, nous allons tester deux boîtiers OCEANO VOX sur de longues distances océaniques afin de permettre à Antoine de finaliser ce produit. Il est destiné in fine aux bateaux de plaisance dans le cadre d'une vaste opération pilotée par Lucie Cocquempot, porteuse de ce projet lauréat : "Citizen into Science" en tant que Coordinatrice de l'observation océanographique au sein de l'Ifremer, qui encourage la science participative depuis près de vingt ans.
Notons que ces données physico-chimiques sont de première importance lorsqu'on souhaite évaluer la pression anthropique sur la biodiversité marine, l'impact de l'Homme sur la Nature. Par conséquent, que le Lagoon 570 LOVE THE OCEAN soit équipé d'un tel matériel innovant est un véritable atout à faire fructifier au profit des instituts et des chercheurs qui consacrent d'importantes ressources à ces études. Cependant, il est complexe de recueillir des fonds pour cet usage…
Néanmoins, de 2018 à 2022, deux réflexions se sont progressivement enchaînées. La première est relative au retour d'expérience au gré des nombreuses conférences de restitution de mon tour du monde en solitaire de l'Expédition OceanoScientific 2016-2017.
Que je m'adresse à des élèves de CE2-CM1-CM2 - notre cible prioritaire ces années-là - ou à des adultes, à chaque évocation de la mission scientifique réalisée au profit de nos partenaires : Ifremer, Météo-France, IRD et CNRS, la même question fusait : "A quoi ça sert ce que vous avez collecté ?"
Je reconnais un certain malaise lorsque je lisais l'intérêt pour mon aventure décroître dans le regard de mes interlocutrices et interlocuteurs, quel que soit leur âge ; quand j'expliquais que ces données scientifiques recueillies loin de toute terre dans des mers hostiles, sous-entendu au péril de ma vie, étaient destinées à alimenter des bases de données totalement absconses pour le public. Au mieux - car c'était un engagement initial des excellents chercheurs qui encadraient les Expéditions OceanoScientific en question - il en résultait une publication scientifique à destination des "quelques" scientifiques concernés par le sujet. "Quelques", car on ne peut pas comparer raisonnablement l'audience d'une publication scientifique à celle d'un magazine d'informations générales.
Quand j'expliquais que ces données océanographiques, rares et de grande valeur scientifique, n'ont aucune valeur marchande ; que les chercheurs concernés ne déboursent pas le moindre euro pour y accéder et les utiliser, ni même pour participer significativement au financement des campagnes qui permettent de les recueillir, l'intérêt déjà entamé de mon auditoire devenait franchement critique sur le thème : "Tout ça pour ça ? ..."
Ce constat alimenta une profonde réflexion.
En effet, une des finalités des Expéditions OceanoScientific est d'utiliser l'aventure maritime de ses missions scientifiques innovantes à la voile dans des zones maritimes méconnues et peu fréquentées, pour sensibiliser le plus large public afin que chacune et chacun s'intéressent à l'Océan dans le but de le respecter, de le préserver pour les générations futures, d'aimer l'Océan. D'où, désormais, le nom de notre catamaran : LOVE THE OCEAN. Sans une adhésion aisée du public, l'objectif n'est pas atteint.
C'est durant le premier confinement, prisonnier de la situation dans notre maison de Cabourg (Normandie) avec interdiction formelle de fouler le sable humide de l'immense plage normande que la mer découvre si loin à marée basse (quel supplice !), que j'ai pris conscience que le dénominateur commun de l'Humanité était en fait la peur de la maladie, la peur de mourir, voire de vieillir.
Or, n'étant pas plongeur et ne fréquentant donc pas les merveilles des eaux tropicales, c'est grâce au talent de chercheur et de conteur de Denis Allemand, Directeur Scientifique du Centre Scientifique de Monaco que j'ai appris que les organismes marins qui peuplent les récifs coralliens recèlent potentiellement des molécules d'intérêt pour la santé humaine et le bien-être : dermatologie, cosmétologie, nutrition. Une porte s'ouvrait alors devant ma route d'autodidacte…
Si ma première intention, inspiré par l'expression de la passion communicative de Denis Allemand, a été de m'intéresser naturellement au corail, j'ai progressivement abandonné l'idée d'en faire l'Alpha et l'Omega des Expéditions OceanoScientific pour de multiples raisons, dont la plus décisive fut une conversation avec Gilles Boeuf mardi 8 février 2022 à Brest sur le chemin d'Oceanopolis durant le One Ocean Summit. Elle peut se résumer à ces quelques mots : "Yvan, si tu vas sur les récifs coralliens, intéresse-toi en priorité aux éponges, ce sont des animaux extraordinaires dont on ne sait peu de choses si ce n'est qu'ils peuvent apporter par biomimétisme des solutions au profit des humains…"
Il a suffi ensuite d'une autre rencontre, celle-là mercredi 17 août 2022, avec le Professeur Thierry Pérez, Spongiologue de renommée internationale établi à Marseille dans le quartier d'Endoume au sein de l'Institut Méditerranéen de Biodiversité et d'Écologie marine et continentale (IMBE), pour être définitivement gagné par le virus des éponges, ces fantastiques animaux apparus en pionniers sur la Planète, il y aurait 650 millions d'années.
Par ailleurs, j'avais été frappé par le dépit de mes auditoires de tous âges, comme des prospects chefs d'entreprises, que générait la prise de conscience que ces données océanographiques réputées uniques et de grande valeur n'ont en fait aucune valeur marchande. Et quoi qu'on fasse, quoi qu'on dise, il est difficile, voire impossible dans notre société consumériste, de justifier qu'il faille se battre pour la préservation de quelque chose, en fait, "qui ne vaut rien" à leurs yeux...
Grâce à l'hypothèse, justifiée par treize Prix Nobel de Médecine - ce n'est pas rien ! - que les organismes marins recèlent potentiellement des molécules d'intérêt pour la santé et le bien-être humains, il me semblait possible de valoriser ces animaux oubliés sur leurs rochers récifaux, donc de mobiliser pour leur préservation, à commencer par travailler à mieux les connaître."
Question - Mais plus vous démontrerez que ce qui est en libre accès dans la mer a de la valeur, plus vous augmenterez le pillage, la destruction de la biodiversité des récifs coralliens, à l'opposé du message que vous souhaitez véhiculer ?
Yvan Griboval - "C'est en effet un sujet qui m'a occupé de nombreuses nuits. Plutôt blanches et angoissantes ! Une équation qui me paraissait impossible à résoudre. Toutes les informations que je glanais de-ci, de-là mettaient en évidence que la recherche de molécules d'intérêt issues d'organismes marins nécessitait l'usage de centaines de kilos, de tonnes d'animaux vivants du fait des techniques de biologie utilisées pour cette recherche mortifère.
En autodidacte qui considère que ce qui est impossible n'est en fait ce qui n'a pas encore été réalisé, j'imaginais qu'en ayant recours à la génétique, en travaillant sur l'ADN des organismes marins, il y avait probablement une piste pour identifier ces fameuses molécules à forte valeur ajoutée …sans tuer ni blesser le moindre animal. A terre, je me bats au quotidien pour ne jamais tuer ni araignées, ni mouches, ce n'est donc pas pour, en mer, trucider des colonies d'animaux dont certains, comme les spongiaires, sont réputés être les premiers animaux multicellulaires à avoir élu domicile sur notre planète…
Mais lorsque je m'ouvrais de cette idée auprès de nos interlocuteurs chercheurs, il m'était poliment recommandé de "m'occuper de mon bateau à voile et de laisser les spécialistes faire de la Science". Pour le moins, c'est ainsi que je l'ai perçu...
Or, quand un autodidacte estime instinctivement qu'il y a un chemin là ou tout un chacun ne voit que la jungle la plus dense, il est parfois utile de demeurer attentif à ce qu'il va réaliser. La volonté, associée à une bonne dose d'obstination et à de l'enthousiasme, offre parfois des opportunités insoupçonnées…
Comme l'univers de l'océanographie française moquait mon idée d'usage de données génétiques d'organismes marins, je me suis tourné dans le courant du mois de septembre 2021 vers un généticien qui ne connaissait rien d'autre des organismes récifaux que les superbes images des magazines vantant ces fonds marins enchanteurs. C'est ainsi que je me suis adressé au Professeur Christian Siatka, co-fondateur et Président du conseil scientifique de l'École de l'ADN et, entre autres fonctions prestigieuses, membre de l’Unité Propre de Recherche CHROME (UPR CHROME), …devenu en octobre dernier vice-Président de l'association OceanoScientific et Directeur Scientifique des Expéditions OceanoScientific Porifera 2023-2030.
Lorsque Christian m'expliqua qu'un cheveu, une rognure d'ongle, un peu de salive permet de recueillir avec précision l'ADN d'un être humain et donc, par conséquent, qu'il suffirait de quelques millimètres d'éponges pour recueillir leurs données génétiques desquelles il serait ensuite possible d’étudier les caractéristiques moléculaires, pour permettre de rechercher les « fameuses » molécules d'intérêt, j'ai pris conscience qu'une voie s'ouvrait en effet devant moi. Plutôt sous forme d'autoroute que de chemin vicinal !"
Question - Désormais quels sont précisément les objectifs scientifiques de l'association OceanoScientific ?
Yvan Griboval - "Nous avons deux objectifs en un. En un, parce que dans les deux cas il s'agit de génétique, de traitement, d'exploitation de l'ADN des organismes marins sans jamais les prélever de leur environnement, sans les blesser et encore moins les tuer.
Si la maturation du projet concernant les récifs coralliens a été progressive et plutôt longue à définir précisément, la décision relative à la collecte d'échantillons d'ADNe* a été beaucoup plus rapide.
Comme toujours dans la vie d'un autodidacte, ce sont les mystères de la Vie : les Rencontres, qui guident vers certaines voies plutôt que vers d'autres. En l'occurrence, un long échange vendredi 16 septembre 2022 à La Ciotat en marge du Festival Lumexplore avec Pierre Boissery, Expert en eaux côtières et littoral méditerranéen de l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse a été déterminant. Nous nous sommes rapprochés l'un de l'autre sur le thème : "La Méditerranée n'est pas une poubelle, faisons-le savoir pour que cette mer à la riche biodiversité soit respectée comme elle le mérite, plutôt que d'être vilipendée comme un des espaces maritimes les plus pollués au Monde, une mer où tout est foutu, où il ne servirait à rien de se battre pour en préserver la biodiversité…"
Rapidement, Pierre Boissery m'a mis en contact avec le Professeur David Mouillot, chercheur de l'Unité Mixte de Recherche Marbec (UMR Marbec) établi au sein de l'Université de Montpellier. Coup de foudre professionnel mercredi 26 octobre 2022 au sein de son laboratoire avec ce pionnier de l'usage de l'ADNe* pour identifier avec précision les espèces qui peuplent des zones maritimes côtières.
C'est ainsi que l'association OceanoScientific a joué pleinement son rôle de logisticien de la science dans la Mission BioDivMed, réalisant sa première Expédition OceanoScientific ADNe* Méditerranée en juillet dernier, avant de s'engager sur un cycle de quatre années complémentaires sur ce thème en 2024-2027 pour créer des "Sentinelles de biodiversité", de Menton à La Grande Motte en ce qui nous concerne.
La Mission BioDivMed 2023 a consisté à réaliser un inventaire du vivant synchronisé et standardisé sur le littoral méditerranéen français et le sanctuaire Pelagos par l’utilisation de l’ADNe*, sous l’impulsion conjointe de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, de l’Université de Montpellier et d’un laboratoire commun financé par l’ANR entre l’Unité Mixte de Recherche Marbec (UMR Marbec) et l’entreprise SpyGen.
Ce partenariat inédit et exemplaire au service de la biodiversité marine a associé également la société Andromède Océanologie, à l’alliance Vigilife et à deux associations philanthropiques de Nice : We are Méditerranée de Greg Lecoeur et OceanoScientific.
Cette opération exceptionnelle a permis de cartographier pour la première fois à fine échelle et de manière synchrone la biodiversité marine de la zone côtière de Méditerranée française, y compris les lagunes, les embouchures de fleuves et les ports, jusqu’au Sanctuaire Pelagos entre la Corse et le continent afin de mieux comprendre les occurrences des espèces de poissons, de crustacés et de mammifères marins.
Jamais auparavant un tel inventaire synchronisé et standardisé en faveur de la biodiversité marine n’avait été engagé sur le territoire français. A ce titre, OceanoScientific a réalisé un record de 104 prélèvements de trente minutes en 52 Stations (voir carte ci-dessous) sur le parcours de 465 milles nautiques (862 km) de l'Expédition OceanoScientific ADNe Méditerranée 2023 consacrée à cette collecte inédite d'ADNe* le long de la côte méditerranéenne française."
Remise des échantillons d'ADN environnemental (ADNe) dans le port de La Grande Motte en juillet 2023 dans le cadre de l'Expédition OceanoScientific ADNe Méditerranée 2023. De gauche à droite : David Mouillot (Directeur Scientifique / UMR Marbec - Université de Montpellier), Yvan Griboval (Directeur de l'Expédition OceanoScientific & Skipper), Léa Griboval (Responsable Vitesse & Profondeur), Pierre Friant (Second & Pilote du Vanguard-Suzuki), Léni Guillotin (Biologiste marin / Responsable Scientifique), Justine Camus (Coordinatrice de l'Expédition OceanoScientific / Responsable trajectoire GPS). Photo OceanoScientific
Question - A vous écouter on comprend l'intérêt des Expéditions OceanoScientific Porifera pour l'Humanité. Au sujet des collectes d'échantillons d'ADNe, l'intérêt pour les êtres humains semble moins évident. Expliquez-nous…
Yvan Griboval - "En effet, les Expéditions OceanoScientific Porifera vont permettre de valoriser les données génétiques pour la Santé (Humaine - Animale), le Bien-être (Dermatologie - Cosmétologie - Nutrition) et les Services à l'Environnement (Agriculture - Aquaculture - Dépollution).
Si aujourd'hui l'ADNe* est un outil de qualité avérée pour identifier les espèces présentes dans des volumes d'eau jusqu'à 30 mètres de profondeur, ce qui demeure une grande innovation scientifique et qui a mis en évidence que des espèces imaginées disparues peuplent toujours effectivement les rivages côtiers français de la Mer Méditerranée, dans peu de temps le Professeur David Mouillot, aidé par les équipes de SpyGen, sera en mesure d'identifier non plus seulement la présence des espèces sur un site donné, mais également leur densité.
Cette information deviendra donc un fantastique atout à usage des pêcheurs côtiers - ceux de la "petite pêche" - qui pourront mettre leurs sites de pêche en jachère. C'est-à-dire supprimer un temps la pression de pêche sur leurs sites favoris, prospectés parfois sans relâche de grand-père en petit-fils, pour laisser la ressource halieutique se reconstituer, en allant pêcher ailleurs, sur les conseils des scientifiques, là où la ressource est plus abondante. Tout le monde y gagnera. La Nature d'abord. Le pêcheur ensuite, tant en chiffre d'affaires, car accédant à une ressource plus importante, qu'en garantie de disposer d'une ressource durable. Cela permettra à des jeunes de lui succéder sans crainte d'un lendemain sans poisson.
Ainsi, nous favoriserons à moyen ou court terme la mise en œuvre d'une pêche durable pour une alimentation durable.
En conclusion, nos travaux serviront toujours la Science Fondamentale - puisque notre statut de "Logisticiens de l'Océanographie" renforcera l'accès des chercheurs français à des données scientifiques de qualité. Mais notre vocation désormais prioritaire est d'encourager ce que je dénomme la "Science de l'usage", qui a pour finalité de "servir à quelque chose au plus vite pour l'Humanité".
Ainsi, je ne lirai plus dans le regard des jeunes qui m'interrogent sur le thème : "Monsieur ça sert à quoi ce que vous faites ? ..." une déception, mais au contraire un intérêt certain, voire la prise de conscience que des métiers d'Avenir de l'Économie Bleue sont en création, que de nouvelles voies professionnelles les concernent. Ce sera là l'objet de notre Newsletter du mercredi 24 octobre…"
*ADN environnemental
En juillet 2023, OceanoScientific a réalisé un record de 104 prélèvements d'échantillons de trente minutes en 52 Stations sur le parcours de 465 milles nautiques (862 km) de l'Expédition OceanoScientific ADNe Méditerranée 2023 consacrée à cette collecte inédite d'ADNe* le long de la côte méditerranéenne française. Photo OceanoScientific
Mercredi 10 janvier 2024
Remaniement du Conseil d'Administration
En ce début janvier, treizième anniversaire de l'association OceanoScientific (07/01/2011) où remanier est d'actualité en France, nous sommes heureux d'annoncer que notre Conseil d'Administration est désormais composé : de Yvan Griboval, Président ; du Professeur Christian Siatka, vice-Président ; de Béatrice Witvoet, Secrétaire Générale ; de Charlotte Bouery, Trésorière ; de Philippe de Boucaud et Richard Houbron. Saluons par ailleurs avec respect et gratitude, en les remerciant chaleureusement, les membres sortants : Rupert Schmid, co-Fondateur de cette ONG, Rémi Bollack, Juliette Declercq et Manon Praud. Précisons qu'au fil des treize années écoulées, les remarques, conseils et contributions de Rupert Schmid ont permis à OceanoScientific de grandir, parfois de doubler des caps difficiles, en allant sans cesse de l'avant dans l'esprit de conquête qui sied à une association philanthropique d'intérêt général dont l'objectif prioritaire est à la fois l'exploration d'espaces maritimes méconnus à la voile sans émission de CO2, mais également la sensibilisation des jeunes à l'impérative nécessité de RESPECTER et d'AIMER l'Océan.
Le 27 décembre 2023 au coucher de soleil sur une Mer Méditerranée apaisée, le catamaran Lagoon 570
LOVE THE OCEAN, mené en solitaire par Yvan Griboval, pointe ses étraves sur le Cap Lardier, la pointe Sud de la presqu'île de Saint-Tropez, en route vers le Pôle Nautisme de Port-Saint-Louis-du-Rhône pour parfaire la préparation au départ effectif de la première des Expéditions OceanoScientific Porifera 2023-2030. Photo OceanoScientific
Voici quelques précisions au sujet du nouveau Conseil d'Administration de l'association philanthropique d'intérêt général OceanoScientific, domiciliée à Nice, ville d'accueil du 5 au 15 juin 2025 de la troisième Conférence des Nations Unies pour l'Océan - UNOC Nice 25.
Yvan Griboval, Président, Directeur des Expéditions OceanoScientific et skipper du catamaran Lagoon 570 LOVE THE OCEAN, a souhaité avoir à ses côtés un vice-Président scientifique qui puisse assumer trois misions en une.
Sa première mission : Guider l'association pour favoriser l'usage de la science et spécifiquement de la génétique des organismes marins récifaux au profit de la Santé (Humaine - Animale), du Bien-être (Dermatologie - Cosmétologie - Nutrition) et des Services à l'Environnement (Agriculture - Aquaculture - Dépollution).
Sa deuxième mission : Concevoir la cabine de biologie moléculaire du catamaran LOVE THE OCEAN de 17 mètres pour réaliser lui-même le séquençage ADN in-situ des échantillons dès leur sortie de l'eau, lorsque les scientifiques plongeurs les rapporteront à bord au terme de leurs explorations des récifs coralliens. Ce sera une réelle innovation scientifique.
Sa troisième mission : Réaliser des ateliers d'initiation à la génétique appliquée aux organismes marins et de séquençage ADN à bord ou à terre à proximité du catamaran LOVE THE OCEAN, afin de promouvoir les nouveaux métiers de l'Économie Bleue auprès des jeunes avant qu'ils ne s'engagent dans les filières identifiées de Parcoursup. Cette troisième activité sera une des spécificités innovantes des prochaines escales du Tour MER & MÉTIERS - Révéler les vocations de Demain. Elle sera mise en œuvre dès avril prochain.
Le vice-Président est donc le Professeur Christian Siatka : Généticien, toxicologue, Professeur des Universités à l’Université de Nîmes, Directeur Adjoint du Master BIOTIN, Responsable de la Licence Professionnelle des Métiers de la Biotechnologie et membre de l’Unité Propre de Recherche CHROME (UPR CHROME). Il enseigne la Génétique Moléculaire, la Biotechnique, la Toxicologie et la Réglementation/Qualité. Christian Siatka est Directeur de la plateforme de Génotypage et de Génomique de l’École de l’ADN, présidée par le Professeur Philippe Berta, par ailleurs député de la sixième circonscription du Gard. Il est impliqué dans des programmes de recherche en Génétique Humaine, Génétique Environnementale et Génomique Fonctionnelle. Christian Siatka est Lieutenant-Colonel de la Réserve citoyenne - Pôle Judicaire de la Gendarmerie Nationale et il est Expert auprès de la Commission Européenne.
Secrétaire Générale, Béatrice Witvoet, avocate au Barreau de Paris depuis 1992, est diplômée de l’Université Paris II en Droit Européen, en collaboration avec la Universidad Complutense de Madrid dans le cadre du programme Erasmus. Elle est titulaire d’un master éco-droit de Transports Internationaux à Paris I. Béatrice exerce au sein du Cabinet Bouloy Grellet et Associés pendant huit ans avant de fonder avec deux confrères le Cabinet LBEW. C'est un cabinet de niche spécialisé dans le secteur maritime : transport, logistique et risques industriels. Il œuvre pour des opérateurs de transport, acteurs de l’assurance maritime et industriels, en France comme à l’étranger. En 2004, Béatrice a fondé avec quatre autres femmes la branche française du réseau WISTA (Women International Shipping and Trading Association), forte aujourd’hui d’une centaine de membres. WISTA est présente dans quarante pays et compte trois mille membres. Administratrice du Cluster Maritime Français et de l’École Nationale Supérieure Maritime (ENSM), Béatrice Witvoet travaille sur divers grands projets d'envergure : promotion de l’assurance maritime française ; environnement juridique des Énergies Marines Renouvelables (EMR) ; attractivité des métiers de la mer auprès des femmes.
Trésorière, Charlotte Bouery, fille d'un officier de marine, a passé sa jeunesse sur les côtes françaises dans les grands ports militaires, à Cherbourg d'abord et Toulon ensuite. Diplômée d'une Maitrise en Sciences et Gestion de la faculté Paris-Dauphine, Charlotte a effectué une carrière dans la finance internationale comme négociante actions chez CDC IXIS. Après une pause de quelques années pour se consacrer à ses trois enfants, Charlotte Bouery s'est installée à Monaco en 2005 pour orienter sa carrière dans l'immobilier.
Diplômé de l’école française des nouveaux métiers de la communication (EFAP), Philippe de Boucaud a complété sa formation académique en management culturel à l'Université de Californie à Los Angeles (UCLA), puis en relations internationales à Buenos Aires. Il s'est orienté ensuite simultanément vers le marché de l’art à New-York et la communication évènementielle à Paris. Cependant Philippe a réalisé un break de six ans pour partir à l'Aventure, naviguant sur tous les océans à bord de tous types de voiliers. Ces circonstances le mèneront par exemple à financer et à installer l’électricité dans Soweto ; à collaborer avec les équipes de Paul-Émile Victor : comme à intégrer le Cabinet du Président Carlos Menem. Homme de réseau, Philippe dirige aujourd’hui le cabinet BeCLAM influence & Culture et accompagne des entreprises privées et publiques dans l’élaboration de leur stratégie de communication, marketing digital, gestion de crise, lobbying, dans les conduites du changement, avec l’art comme levier de performance. Agitateur culturel, producteur de programmes télévisés, créateur de foires et commissaire d’exposition, cet entrepreneur incorrigible a également créé une maison de négoce de vins !
Richard Houbron est associé co-fondateur du multi-family office parisien : Experts en patrimoine. Il est professeur de finances à l'École d'Économie de la Sorbonne. Son parcours professionnel l'a tout d'abord conduit en banque d'investissement où il a exercé pendant quinze ans dans le secteur des Technologies - Médias Télécommunications (TMT), avant de devenir à son tour entrepreneur garant des intérêts patrimoniaux de ses clients dirigeants et de leur famille.
Après avoir ainsi musclé son Conseil d'Administration, l'association OceanoScientific s'engage avec enthousiasme et de multiples compétences sur la période 2024-2030 dont le programme sera constitué de trois grandes actions : Expéditions OceanoScientific Porifera 2023-2030 ; Expéditions OceanoScientific ADNe* 2023-2027 ; Tour MER & MÉTIERS 2023-2030 - Révéler les vocations de Demain.
Les deux prochaines newsletters hebdomadaires du mercredi de l'association OceanoScientific seront consacrées à ce qui pourrait s'apparenter à une déclaration de politique générale.
En deux temps, sous forme d'une interview relue et validée par ce nouveau Conseil d'Administration, Yvan Griboval exposera : d'abord les grands axes de l'exploration scientifique à la voile sans émission de CO2 de ces sept prochaines années, mercredi 17 janvier ; ensuite, la finalité de toutes les actions de OceanoScientific, à savoir : orienter les jeunes et prioritairement les lycéens et bacheliers jusqu'à Bac + 3 vers les nouveaux métiers de l'Économie Bleue générés par l'impérative adaptation aux conséquences du réchauffement/dérèglement climatique.
*ADN environnemental
Longer les côtes du littoral méditerranéen français est un pur enchantement, notamment lorsqu'on passe au large
du majestueux massif de l'Esterel, comme sur cette image prise en milieu d'après-midi du 27 décembre 2023.
Photo OceanoScientific